Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de ce monde, et la direction toute politique de la Société.

Le moyen le plus efficace de conversion et qui fut dès lors trouvé, appliqué, par les jésuites, ce fut d’enlever les enfants, pour forcer les parents à se convertir… Nouveau moyen, et bien ingénieux, auquel Néron et Dioclétien n’avaient pas pensé.

Un seul fait. Vers 1650, une grande dame du Piémont, très-mondaine, très-passionnée, se trouvait au lit de mort ; elle était assistée de ses confesseurs jésuites, et pourtant, peu rassurée. Dans ce grave moment, elle se souvint de son mari qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps, elle le fit venir et lui dit : « J’ai beaucoup péché (peut-être envers vous), j’ai beaucoup à expier, je crois mon âme en péril. Aidez-moi, et jurez que vous emploierez tous les moyens, le fer et le feu, pour convertir les Vaudois. » Le mari, brave militaire, jura, et n’épargna aucun moyen militaire ; mais rien n’y faisait. Les jésuites, plus habiles, imaginèrent alors d’enlever les enfants ; on était sûr que les mères suivraient[1]

Ce moyen, sous la même influence, fut largement

  1. L’édit de Turin, 1655, constate cette chose effroyable, par l’adoucissement même qu’il y met : Défense d’enlever les garçons avant douze ans, les filles avant dix.