Page:Michiels - Études sur l'Allemagne, renfermant Une histoire de la peinture allemande, 1845.djvu/272

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le bon, le vrai ne sollicitent jamais inutilement leur enthousiasme. Une pensée généreuse, un dévoûment sublime les font tressaillir et les plongent dans la rêverie, comme une lointaine musique derrière des bois en fleurs. L’existence est pour eux un chant d’amour sous des voûtes pieuses. Mais plus l’idéal créé par leur imagination diffère du réel, plus celui-ci les dégoûte, quand ils l’aperçoivent. La bassesse, la trahison, la lâcheté qui couvrent le monde et le gouvernent leur soulèvent le cœur. Un douloureux étonnement, un inflexible dédain remplacent bientôt leur sympathie. Quelquefois le mal ne s’arrête point là. Le doute les envahit, les principes qu’ils jugeaient inébranlables commencent à chanceler dans leur âme ; l’expérience renverse les dieux de leur premier âge. lis nomment alors fantômes et chimères les éclatantes apparitions, qui les hantaient jadis. Fantômes et chimères! 0 pauvre jeune homme, que n’as-tu continué tes rêves! Ils étaient plus solides que le monde et plus certainsque la réalité. Us le parlaient de vertu, de force intellectuelle, de majestueuses destinées. Us savaient mieux que toutes les races présentes et futures quelle direction tu devais imprimer à ta vie. Et ces connaissances nouvelles dont lu t’affliges, ces révélations payées par tant de sanglots, ce sont elles qui te trompent, ce sonl elles qui défigurent l’univers. Leur essence n’est que blasphème cl que monsonge: