Page:Michiels - Études sur l'Allemagne, renfermant Une histoire de la peinture allemande, 1845.djvu/277

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ressource que ses espérances, il attendit les événements et la décision du public.

Son drame eut un merveilleux succès. Pendant quelque temps, il servit d’exorde aux entretiens et remplaça les judicieuses remarques sur la pluie ou le soleil. On admirait, sans le vouloir, cette colossale apparition. La chanson des Brigands devint tellement populaire qu’elle n’a pas cessé de l’être depuis. Quelques étudiants de Fribourg, dans le duché de Bade, voulurent imiter Charles Moor et s’instituer exécuteurs de la justice suprême. On éventa le complot, et cette folle résolution demeura sans effet. Le directeur du théâtre de Manheim, baron de Dalberg, ne fut pas moins surpris que les autres. L’unanime enthousiasme excité par les Brigands lui attendrit le cœur ; il résolut de jouer la pièce. Mais comme elle ne lui semblait pas écrite pour la scène, il pria Schiller de la corriger. Celui-ci employa quelques mois à refondre son ouvrage, car les devoirs de sa charge le troublaient incessamment. On put néanmoins donner la première représentation vers le milieu de janvier 1782. La foule accourut de Spire, de Voiras, de Mayence, de Heidelberg, de Darmstadt et de Francfort: les uns à pied, les autres à cheval, un grand nombre en voiture. Ceux qui n’avaient point de loges prirent leurs places dès une heure. Le drame fut vivement applaudi, et Schiller, qui s’était esquivé de Stuttgart, put jouir de son