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s’accroître encore, du moment que les journaux apprendraient qu’il aurait fait une nouvelle visite à Rossini ; — que ceux-ci ne l’avaient déjà à ce propos que trop lardé de leurs histoires de Pater peccavi ; — que tout cela le mettait dans une fausse position… que d’ailleurs il se gardait de mettre Rossini en cause, n’ayant jamais varié quant à l’impression de profonde sympathie due à la noblesse de son caractère, qu’il avait conservée de lui après la première visite qu’il lui avait faite…

C’était une fin de non-recevoir. Il s’y obstina, car je lui renouvelai encore moi-même et sans succès une dernière invitation de la part de Rossini, lorsquecelui-cime chargea de remettre au domicile de Wagner la partition de la Messe de Gran que Liszt avait prêtée au maestro.

Je crois que le motif véritable du refus de Wagner, résidait plutôt dans la conviction du peu de profit qu’il entrevoyait à tirer d’un second entretien avec le maestro italien. Le but qu’il s’était proposé en sollicitant une première entrevue, ainsi que je l’ai expliqué, était complètement atteint. Il ne désirait rien au delà.

Les deux maîtres ne se revirent donc plus ; mais je puis certifier que toutes les fois où le nom de Rossini passa par la bouche ou sous la plume de Wagner, celui-ci ne se départît jamais de la déférence ni de l’estime profonde qu’il avait conçues pour lui. Il en fut de même de Rossini, qui s’enquit fréquemment auprès de moi des succès que les opéras de Wagner rencontrèrent depuis en Allemagne, et à propos desquels il me chargea maintes fois, de transmettre à ce dernier ses félicitations et ses souvenirs.

Edmond Michotte

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