Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/103

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derne pour désigner des dialectes aussi anciens. Quoique les Bohêmes, renonçant par esprit de conciliation à tous droits de primauté, aient bien voulu ranger leur langue à la suite du dialecte polonais, le dissentiment n’en a pas moins persiste. On a cherché alors à classer les idiomes slaves d’après leur position géographique ; mais on s’est bientôt aperçu que les deux caractères généraux qui les séparent se retrouvent aussi bien au Nord qu’au Midi, à l’Est qu’à l’Ouest. Les Bohêmes ont encore tenté de tout accorder, en rangeant les différentes branches de la souche mère d’après les lettres de l’alphabet et l’ordre numérique ; mais la question de primauté est toujours restée pendante. Tous les moyens de conciliation n’ont point donné de résultat, car la question, qui semblait purement grammaticale au premier abord, en renfermait beaucoup d’autres d’un ordre plus élevé. Il ne faut chercher l’origine de cette division ni dans la surface géographique ni dans la masse des populations, mais dans les deux idées mères qui ont leur expression dans la forme des deux dialectes principaux. Ce n’est qu’en dirigeant nos efforts, nos recherches de ce côté, que nous pouvons espérer résoudre le problème ; alors seulement la langue slave pourra prendre la dénomination de polono-russe ou de russo-polonaise ; car la Pologne et la Russie ne sont pas seulement deux territoires, mais deux idées lancées au milieu des peuples slaves, et qui, aspirant à se réaliser, tendent à une domination absolue et s’excluent mutuellement. Selon les chances différentes de la lutte qu’elles se livrent, les pays et les populations gravitent vers l’une ou vers