Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/117

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Pologne. Le tsar est l’unique foyer de tout pouvoir et de toute force ; le peuple l’appelle sa lumière ; il se le représente terrible, puissant, politique astucieux et profond. Il n’y a pas de bornes à sa puissance, comme il n’y a pas de limites assignées au territoire de la Russie. De même que les Lechs et les Czechs en appelaient à leurs diplômes fabuleux pour appuyer leurs prétentions sur le Nord, de même, plus tard, les Russes ont cherche à rattacher leur dynastie aux successeurs d’Auguste et de César, et se sont prétendus, comme héritiers des empereurs romains, les seuls maîtres légitimes du nord de l’Europe.

Les pays slaves se trouvent ainsi partagés entre deux puissances rivales, et la lutte entre elles, dès l’origine, touche à une immense question. Il ne s’agit pas ici de dominer sur telle ou telle province, mais sur tout le Nord et peut-être sur le monde entier. Déjà, au moyen-âge, les chroniqueurs comprenaient ainsi la question. D’un côté est l’empire des Normands, de l’autre celui des Lechs et des Czechs d’abord unis par des traditions communes, puis liés par l’histoire jusqu’au point d’avoir pour souverains des rois de la même famille. Il est très difficile de fixer le centre d’action des deux puissances rivales ; les capitales de ces deux pouvoirs semblent se déplacer, voyager continuellement. Les Polonais eurent d’abord leur foyer central près des Karpathes ; plus tard ils placèrent leur capitale dans les plaines de la Grande-Pologne, puis ils revinrent la fixer de nouveau sur les bords de la Vistule. Les Russes descendirent d’abord avec le cours du Dniéper jusqu’à Kiew, ensuite ils