remontèrent vers le nord. Nulle part on ne trouve une capitale définitivement établie ; il n’y a de stable que les deux principes de vie politique qui animent les deux peuples hostiles, et qui, par eux, agissent constamment sur les masses slaves. On pourrait, cependant, enfermer le point principal de l’activité russe entre Novgorod la Grande et les sources du Dniéper et de la Dwina ; on pourrait également établir une capitale idéale pour la Pologne entre les Karpathes et la Vistule. Il est singulier que le lieu où, suivant la tradition fabuleuse, un dragon à triple tête assiégea le berceau de la royauté Lech, se trouve précisément celui où se sont conservés le plus longtemps les vestiges de l’indépendance polonaise ; je veux parler de la ville libre de Cracovie.
L’immense espace qui sépare ces deux centres d’action renferme les pays situés entre le Dniéper, le Bug et le Niémen. Il y a longtemps que ces pays ont perdu leur dénomination générale, parce que les différentes tribus qui s’y sont fixées n’ont pas accepté le nom de Slave comme nom générique de race, et qu’elles ne se sont jamais constituées en empire séparé, en unité politique. Les Normands et les Lechs y pénétrèrent souvent, ils y établirent tour à tour leur domination. Depuis que la maison des Ruryks en a fait définitivement la conquête, ils portent le nom de terres russes ; mais les Polonais les appellent russiennes ou ruthéniennes, pour les distinguer de l’empire russe proprement dit. Cette grande terre a été le théâtre des guerres acharnées entre la Pologue et la Russie ; c’est là que l’Église catholique