Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/124

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littéraires ; mais pour arriver à réaliser un jour cette unité, je ne crois pas qu’on ait pris les moyens les plus propres, les voies les plus droites. Les savants invoquent toujours la communauté de race, oubliant que ce sont les institutions religieuses et politiques qui ont créé les séparations qu’ils voudraient anéantir, et qu’il est impossible de détruire tout le passé historique d’une nation pour la ramener à son origine physique. C’est ainsi qu’au dernier siècle on a tenté de réunir les Allemands autour d’une seule idée Teutonia, en leur rappelant leur patriarche fabuleux Teutès. La tentative avorta et fut bientôt abandonnée des plus chauds partisans de l’unité allemande D’autres savants ont entrevu la possibilité de l’unité future des Slaves dans d’adoption de certaine forme gouvernementale. Cependant quel gouvernement a jamais eu assez de force pour réunir et relier ensemble des nationalités différentes ? L’empire romain, qui, certes, fut l’idéal de la puissance matérielle, a imposé sa forme politique. À plusieurs peuples de l’Occident ; mais cette forme morte, ce lien sans vie, il a suffi pour le briser, du premier coup porté par l’invasion des Barbares. On doit donc renoncer à l’espoir de grouper les peuples slaves autour de telle ou telle forme gouvernementale, autour d’une idée purement physique de sang et de race ; ce qu’il faut, c’est une idée commune, vaste, immense ; une idée qui renferme en elle tout le passé et aussi tout l’avenir de ces peuples.