Tous ces changements ont eu lieu dans l’antique Slavie vers l’an mil de l’ère chrétienne. Les royaumes des Leehs, des Czechs et des Hongrois, le pays des Slaves autour des Karpathes, et l’empire russe des Normands, se présentent sous un aspect plus distinct. Ici se termine l’histoire de la langue commune à tous les Slaves et commence l’histoire des idiomes nationaux. Cette langue immense se divise, nous l’avons dit, en deux grandes branches principales d’où dérivent une multitude de dialectes secondaires. Une question se présente maintenant : à laquelle de ces deux langues faut-il donner la préséance dans notre cours ? Je suis obligé de m’arrêter quelques instants sur cette question si aride pour les étrangers.
Les savants bohèmes, voyant que les Polonais et les Russes ne pouvaient accepter les propositions par eux présentées, ont cherché un autre moyen de trancher la difficulté ; ils ont fait appel à l’antiquité ; ils ont décidé que la querelle serait vidée à l’aide des monuments historiques. Le mot slave vient-il de slovo (verbe, parole), ou de slava (gloire) ? C’est un point sur lequel on n’est point d’accord. Quoi qu’il en soit, dans l’acception la plus large du mot, la langue slave ou slove signifie la langue de toute la race que nous avons partagée en deux grandes familles, les Russes et les Polono-Bohêmes. Mais quelle a été cette langue antique et commune ? Quelle est celle de ces deux familles dont le dialecte s’en rapproche le plus ?
On soutenait que les livres liturgiques étaient les