Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/154

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Suède et de la Norwége, voulait ranimer le paganisme miné sourdement par la religion chrétienne ; mais, plus tard, il se ravisa en épousant une princesse grecque. On raconte qu’avant de se convertir il examina longtemps les deux religions. Il appela même, dit-on, les rabbins d’une horde juive et des docteurs de l’église catholique, il envoya dans tous les pays pour approfondir les mystères ; enfin, il opta pour l’église d’Orient. La tradition rapporte que ce fut un sage Grec, qui, lui ayant dépeint le jugement derî nier, le décida enfin.

Cependant, l’église d’Orient penchait déjà vers une séparation définitive avec l’église catholique ; elle s’était appuyée jusqu’alors sur les conciles ; mais ayant cessé d’avoir recours à cette autorité, elle n’avait plus d’autre appui que le gouvernement ; elle restait donc à sa merci, et ne pouvait plus désormais s’opposer d’aucune manière aux envahissements du pouvoir temporel. Dès lors, plus de discussions, plus de synodes ; car on craignait qu’il ne surgît des disputes théologiques que l’on ne pourrait plus soumettre à la décision définitive des évêques romains. Plus tard, le gouvernement, obéissant au même ordre d’idées, en vint à interdire la prédication : ne pouvant y en effet, comme suprême autorité, contrôler partout et toujours le clergé qui lui était soumis, il trouvait beaucoup plus simple de supprimer la chaire. Ainsi, au lieu de rencontrer cette liberté qu’elle croyait obtenir en s’émancipant du pouvoir papal, l’église d’Orient perdit toute indépendance ; elle fut condamnée au mutisme et à l’inaction.