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Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/155

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Ce fut à cette époque que la Russie reçut la religion grecque. Les évêques orientaux étaient des hommes très pieux, voués à l’étude, en dehors de tout mouvement politique ou social ; ils ressemblaient assez au clergé catholique de notre époque ; ils étaient regardés comme des administrateurs, comme des employés du gouvernement.

Ils avaient peu de rapports avec ces évêques d’Occident, auteurs, législateurs, guerriers même, qui formaient la classe la plus active au moyen âge. Les moines de l’église d’Orient n’avaient pas plus d’influence que son clergé séculier. Ces établissements religieux, qui ont exercé une action si puissante sur les pays germaniques et romains, existaient à peine dans cette église. Elle ne possédait qu’un seul ordre, celui de saint Basile, voué entièrement à l’étude et à la vie contemplative. En Occident, au contraire, des ordres nouveaux surgissaient suivant les besoins de l’époque ; les ordres de chevalerie qui devaient changer la face du Nord allaient naître, et l’un d’eux devait servir de base au royaume de Prusse.

Toutes les libertés politiques des pays slaves du Nord viennent de l’église d’Occident. Un roi polonais, qui tua un évêque, perdit sa couronne, et dès lors l’évêque fut regardé comme inviolable ; le même privilège s’attacha à la personne des seigneurs laïcs qui siégeaient à la diète à côté des évêques. En Russie, tout ce qui restait des libertés primitives se renferme dans les villes et ne put en sortir ; tandis qu’en Pologne ces libertés se sont développées dans les conseils