Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/161

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de cette époque, nous parlerons encore de quelques modifications auxquelles furent soumis le dogme et les lois canoniques de l’Église dans ces deux sociétés.

Les princes normands qui gouvernaient la Russie, ayant embrassé spontanément la religion chrétienne du rit grec, et l’ayant imposée à leurs sujets, prirent un certain ascendant sur l’Église nationale, et se servirent de cette Église au profit de leur politique. Aussi, dans cet empire, le christianisme s’étendait lentement, il jetait des racines qui devaient se développer un jour, mais il ne pouvait pénétrer profondément dans la vie sociale.

En Pologne, dans les pays lechites et czeches, les progrès du christianisme rencontraient des difficultés d’une autre nature. Les Lechs et les Czeches formaient une caste armée ; c’était, comme les ordres chevaleresques, une sorte de milice aristocratique. Le christianisme leur apparaissait comme quelque chose de menaçant, d’abord parce qu’il consacrait la royauté et lui donnait une force incompatible avec leurs idées traditionnelles, ensuite parce qu’il renfermait dans ses dogmes une promesse concernant la masse entière du peuple, promesse que cette aristocratie devinait instinctivement. Aussi, cette milice acceptait volontairement la religion chrétienne toutes les fois qu’elle garantissait ses droits vis-à-vis du pouvoir royal, mais elle en arrêtait le développement et en empêchait les conséquences dès qu’il s’agissait de l’appliquer aux masses. À ces deux obstacles venait s’en ajouter un troisième provenant de la fusion des races différentes. La chevalerie lechite et czeche se