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Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/166

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xvie siècle, époque où ils cessèrent de conquérir.

Nous citerons quelques strophes de ce chant célèbre, tant de fois mentionné par les historiens polonais. Il semblera peut-être étrange qu’il ne contienne rien qui rappelle les chants guerriers de notre temps : c’est plutôt une pieuse et naïve invocation à la sainte Vierge. Voici comment il commence :

« Mère de Dieu, vierge, sanctifiée par Dieu, Marie bien-aimée, par ton fils le Seigneur, accorde-nous, fais descendre sur nous le royaume de ton fils, exauce nos vœux, remplis nos pensées ! »

Puis, après quelques strophes, il ajoute :

« Adam, toi l’ancien des sujets de Dieu, tu es assis dans l’assemblée délibérante de Dieu. (Cela fait allusion à l’ancien état social des Slaves.) Introduis-nous là où règnent les anges, la où est la joie, l’amour et la vision angélique qui ne finit pas. Ici-bas le règne diabolique s’est réalisé. Ce n’est pas par l’or ou par l’argent que Dieu nous a rachetés de la damnation, mais par sa toute-puissance : pour tous les hommes, Dieu se laissa percer les flancs, les mains et les pieds. »

Enfin, le chant se termine par une préparation à la mort, une prière :

« C’est le temps, c’est l’heure de mériter l’absolution des péchés, de glorifier notre Dieu. Prends-nous, introduis-nous, ô Jésus-Christ ! pour que nous soyons avec toi. Amen ! Dieu, accorde-nous à tous d’aller dans le paradis où règnent les anges ! »

La voix de la mort est le sentiment qui prédomine dans les paroles du martyr qui arrose de son sang la terre de Prusse.