Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/173

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crime de Boleslas fut le dernier assassinat commis dans un intérêt dynastique sur la personne d’un. prince. C’est une preuve que l’opinion publique était déjà bien formée et bien puissante.

Ce que notre historien aime le mieux à raconter, ce sont les banquets, les chasses, les tournois, les fêtes guerrières, les libéralités du roi, cette profusion d’or et d’argent si grande, s’il faut l’en croire, on mettait l’argent en tas comme le foin.

Les différences entre Gallus et Nestor nous frapperont encore davantage, si nous les comparons à d’autres chroniqueurs leurs contemporains, par exemple avec Dittmar de Mersebourg, le célèbre historien allemand, ou Kosmas de Prague, l’écrivain bohême.

Dittmar, qui précède Nestor, était issu d’une famille puissante ; c’était le fils d’un grand seigneur saxon, le comte Siegfried de Walbeck. Devenu évêque de Mersebourg, il écrivit les mémoires de son temps, dans lesquels il comprend l’histoire de Bohême et de Pologne. Mais Dittmar, homme pieux et enthousiaste, ne perd jamais de vue l’intérêt religieux, c’est avant tout l’historien de l’Église catholique, et en particulier de son évêché. Impartial au plus haut degré, il blâme souvent l’empereur son protecteur et son parent ; comme Gallus, il ne pardonne pas à son maître d’agir contre les intérêts de l’Église. Les historiens modernes n’ont pas su apprécier l’impartialité de Dittmar, ils l’accusent de calomnier les rois de Bohême et de Pologne, d’être ingrat envers l’empereur ; en réalité il n’était ni calomniateur ni insensible aux