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Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/175

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homme pieux, austère, juge sévère pour les autres et pour lui-même ; il est grave et savant. Le chroniqueur bohème, homme d’étude, étale ses connaissances et veut paraître un grand érudit. Le Polonais est avant tout patriote, il avoue lui-même qu’il n’a pas une grande connaissance de l’Évangile, il ne peut se défendre d’un certain plaisir en racontant les crimes et les violences des rois, lorsque ces crimes et ces violences commises contre les étrangers paraissent utiles à son pays. Il rapporte que Ladislas, le père de son héros, a ordonné en mourant aux seigneurs polonais, d’élire pour roi parmi ses fils celui qui montrerait le plus d’amour pour la gloire et pour le bien de sa patrie. Ainsi il place déjà l’honneur avant l’utilité et discute les droits des compétiteurs à la couronne. Rien de semblable ne peut se rencontrer dans Nestor.

Quant au langage, les chroniqueurs slaves nous montrent déjà très nettement les caractères distinctifs des différents dialectes.

C’est une question débattue parmi les savants de savoir si les dialectes ne sont que le développement progressif d’une langue, ou si ce sont les branches d’un même arbre qui doivent croître simultanément sur le tronc commun. Ceux qui se déclarent pour cette dernière opinion démontrent que l’histoire des dialectes d’une langue commence avec l’histoire de cette langue elle-même, qu’ils se trouvent en germe à sa source et qu’ils en constituent même la richesse. C’est ainsi qu’on admire la langue grecque pour avoir produit trois grands dialectes. Plusieurs savants modernes, au contraire, prétendent qu’une langue a de-