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Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/191

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Igor, voulant venger les injures faites aux Russes, y entreprend une expédition contre les Polovzs, en se concertant avec trois de ses cousins, sans prendre avis du prince aîné, le plus puissant d’entre eux. L’armée des fédérés s’avance ; des fantômes, présages sinistres de mauvais augure, ne peuvent troubler le duc. Dans la première bataille, les Polovzs sont dispersés ; puis, l’ennemi, ayant rallié ses forces, entoure les Russiens. La bataille dure deux jours et se termine par la défaite de l’armée chrétienne. Igor est fait prisonnier. Le vieux duc, qui règne en Kiowie, voit en songe tous ces malheurs, et, dans une sorte d’élégie, il chante l’histoire de sa maison. Igor se sauve, retourne à Kiew ; il est accueilli par un hymne d’allégresse.

Voici le commencement du poëme :

« Ne serait-il pas beau, frère, de commencer en vieilles paroles le récit douloureux de l’expédition d’Igor, d’Igor, fils de Swiatoslaw ? Laissez ce chant rouler sur les événements du temps d’alors, et non pas sur les inventions de Boïan. Boïan l’inspiré voulait-il entonner un chant à la gloire de quelqu’un ? Il se répandait en esprit entre les arbres, courait à travers les champs comme un loup fauve, s’élançait vers les nuages comme un aigle. S’il méditait sur les guerres anciennes, il lançait dix faucons contre une troupe de cygnes, et celui des dix faucons qui atteignait le premier sa proie, commençait aussi le premier son chant en l’honneur du vieux Jaroslaw, de l’intrépide Mscislaw, qui abattit Bededa en vue des troupes des Casagues. Or, ce n’étaient pas dix faucons que Boïan lançait sur une troupe de cygnes ; mais il ap-