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Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/194

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chefs des Polowciens, Grak et Konczack, arrivent avec des forces nouvelles et se jettent sur les Russiens.

« Le lendemain, de grand matin, l’aube ensanglantée amène le jour ; mais les nuages arrivent de la mer, escaladent le ciel, assez noirs pour obscurcir quatre. soleils. — Les éclairs bleuâtres traversent le ciel, une foudre frappe après l’autre, et du côté du Don arrive un orage de flèches ! Le cri des enfants de l’enfer s’élève jusqu’au ciel, et les Russiens mettent entre eux et leurs ennemis leurs grands boucliers rouges. »

Pendant qu’il raconte le commencement de cette bataille, le poëte s’interrompt tout à coup pour jeter un regard douloureux sur le passé. Il rappelle le temps d’Oleg, et il dit, que c’est alors qu’on a semé tant de grains de discorde qui maintenant donne une si abondante moisson. de malheurs. Puis, retournant à son récit, il mêle le triste tableau des querelles intestines à celui de la défaite d’Igor, ensuite il ajoute :

« Les deux forces s’entrechoquèrent entre elles. On n’a jamais entendu parler de pareils combats. De l’aube du jour jusqu’à la nuit, de la nuit jusqu’au jour, tombe la pluie des flèches. Le fracas des sabres et des javelots retentit dans les steppes des Polowciens, et la terre noire est labourée par le sabot des chevaux, semée d’os, arrosée de sang. Et la moisson est riche pour Ruthinie, la moisson du malheur ! Vers le matin, quel gémissement traverse la plaine ? C’est Igor, qui pleure après toi,