Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/193

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« Au-delà de Sulla on entend hennir les chevaux, et les trompettes résonnent dans les murs de Novogorod. Kiiew est rempli de gloire, et à Putywel les étendards sont déployés. Igor attend Wsewolod, et ce jeune héros dit à Igor : — Frère, lumière de ma lumière, le sang de Swiatoslaw coule dans nos veines. Igor, fais seller tes chevaux agiles, les miens sont déjà à Kursk et hennissent pour le combat. Les habitants de Kursk ont déjà pris les devants. — Ils ont été bercés dans les boucliers, au son des trompettes, et les fers de leurs lances leur donnaient à manger. — Ils connaissent tous les sentiers, aucun ravin n’est caché à leurs yeux. Leurs arcs bandés sifflent éternellement avec leurs flèches. Leurs carquois sont toujours ouverts, et leurs sabres toujours prêts à frapper. Comme des loups fauves ils parcourent les steppes pour acquérir une gloire éternelle pour eux, une gloire éternelle pour leurs princes...

« Le vendredi, l’armée des Polowciens, a peine éveillée dès le premier crépuscule, se disperse sous les flèches ruthiniennes, et leurs belles filles, et leurs terres, sont la récompense des vainqueurs, et avec eux les riches tissus, les velours et l’or... »

Ce beau tableau se termine par un récit où l’on voit les belliqueux enfants d’Oleg s’endormir trop A confiants au milieu des steppes :

« Ils s’endorment, car ils ne sont pas venus au monde éclairés par une étoile de malheur, et ils n’ont pas grandi pour servir de pâture aux faucons ni à toi, noir corbeau des Polowciens. »

Mais cette confiance devait les perdre ; car les