Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui ont suivi le système des Grecs et des Allemands partagent cette opinion. Lelewel est le premier qui ait cherché à prouver l’ancienneté de la race slave, ancienneté que les travaux des savants russes et des savants bohêmes ont rendue incontestable. On peut à ce sujet consulter l’ouvrage de Szafariek.

Pour ce qui est de la mythologie, il nous serait impossible d’invoquer aucune autorité écrite ; car, si nous voulions nous appuyer sur certains ouvrages remplis de noms de dieux, de déesses et de rois slaves au temps du paganisme, notre système serait aussitôt renversé ; puisque, selon nous, les idées slaves excluaient toute mythologie, toute hiérarchie, toute royauté. La contradiction n’est cependant ici qu’apparente ; pour l’expliquer, il suffit d’approfondir la question et de distinguer l’élément national, de ce qui lui est étranger. L’idée religieuse, chez les Slaves, est toujours restée pure ; mais des noms, des institutions étrangères, tantôt importées de l’Asie, tantôt empruntées aux autres peuples, troublèrent l’homogénéité de leur société. L’influence extérieure date de loin ; nous rencontrons dans notre langue et nos traditions des traces de l’influence indoue. Ainsi la divinité à triple tête, Tryglaw, correspond at la Trimurtie des Indous. Les noms de Zywa et de Marzamta (principes de la vie et de la mort) se retrouvent dans le sanskrit. Comment ces mots ont-ils franchi l’immense distance qui sépare nos contrées de la Haute-Asie ? Les Slaves auraient-ils quitté l’Asie à l’époque où le braminisme y régnait déjà, ou ces mots se seraient-ils seulement glissés par hasard dans