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— « Préparez les fusils ! » criait chaque chasseur.
— « Du plomb ! du plomb ! » sans fin répétait l’Assesseur,
« J’ai mon moule avec moi. » — « Qu’on prie avant la chasse
Le curé de vouloir dire une messe basse
Devant l’autel par nous à cet usage offert,
Dit le Juge à la fin ; messe de saint Hubert. »

Tous ces ordres donnés, le calme recommence.
Chacun autour de lui regardait en silence,
Comme si l’on cherchait quelqu’un ; puis les regards
Se sont vers le Woïski tournés de toutes parts.
C’est un chef qu’on demande et celui qu’on désigne
Est le Woïski : de tous il paraît le plus digne.
Il se lève, il comprend quelle est leur volonté.
Sur la table sa main frappe avec majesté,
Et, hors de son gousset tirant sa montre énorme
Qui d’une poire avait la grosseur et la forme :
« A quatre heures, dit-il, devant l’autel, piqueurs
Et chasseurs rejoindront la foule des traqueurs. »

Il a dit et s’éloigne : il emmène le garde
Pour tout organiser, car ce soin les regarde.
Tels avant le combat dans un camp, les soldats
Préparent leurs fusils et prennent leur repas,
Puis dorment pour tromper les ennuis de l’attente…
Et les chefs veillent seuls réunis sous la tente.

Le dîner cesse ; l’un fait ferrer son cheval,
L’autre panse les chiens, inspecte l’arsenal.
A souper l’on ne vit presque personne à table.
On a même oublié le débat mémorable
À propos du Faucon et du chien l’Écourté.
Assesseur et Notaire en grande intimité
Cherchent partout du plomb. Les autres au plus vite
Vont dormir, pour pouvoir paraître à l’heure dite.