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Page:Migne - Encyclopédie théologique - Tome 31.djvu/72

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DICTIONNAIRE DE THEOLOGIE MORALE


est placée au-dessus des anges et des saints, sont l’objet de notre adoration, mais d’une adoration proportionnée à leur excellence relative à Dieu. De là trois sortes d’adoration, qui sont de véritables actes de religion, savoir celle de latrie, celle de dulie et celle d’hyperdulie.

4. Nous donnons le nom d’adoration de latrie à celle qui appartient exclusivement à Dieu. C’est un acte par lequel on reconnaît son souverain domaine sur toutes les créatures. Ce serait une effrayante usurpation, et un acte d’idolâtrie, de rendre un semblable honneur à la créature. Aussi Jésus-Christ a-t il soin de nous rappeler que c’est à Dieu seul que nous devons un semblable culte : heum tuum adorabis et illi soli servies (Math. iv).

5. Nous voyons les anges et les saints placés au-dessous de Dieu. Ils sont ses amis et ses serviteurs, ils jouissent de son bonheur et de sa béatitude. Comme tels ils sont dignes de nos respects et de nos hommages. Le culte que nous leur rendons doit être proportionné à leur grandeur. On lui a donné un nom propre à exprimer sa destination, c’est celui de dulie. Pour qu’il soit religieux, il doit nécessairement se rapporter a Dieu comme à sa fin. Voy. Anges, Saints.

6. Marie, la mère de Dieu, est établie dans le ciel la reine des anges et des saints. Elle est le lien le plus parfait qui puisse unir la créature au créateur. Et elle mérite un culte plus que celui que nous rendons aux saints, moindre cependant que celui que nous devons à Dieu. Ce culte se nomme adoration d’hyperdulie.

7. L’adoration peut être purement extérieure, purement intérieure, ou mixte. L’adoration est purement extérieure quand un homme, dans un temple, a toute l’attitude d’une personne qui honore Dieu, sans que son âme y prenne aucune part. Lorsque la négation du culte intérieur est entièrement réfléchie, c’est un acte d’Hypocrisie. Voy. ce mot. Voy. aussi Distraction.

L’adoration est purement intérieure lorsque l’âme seule rend à Dieu ou aux saints l’hommage qui leur est dû, sans que le corps y prenne aucune part. Cette espèce d’adoration est un excellent hommage que nous rendons à Dieu ; elle est bien propre à faire parvenir l’homme à la perfection, comme nous le montrons au mot Oraison.

L’adoration est mixte quand le corps et l’âme prennent part à l’hommage que nous rendons à Dieu. C’est, croyons-nous, la plus parfaite de toutes les adorations, parce que l’homme fait ainsi à la Divinité l’hommage de toutes ses puissances, de son esprit, de son cœur et de son corps.

Nous aurions à envisager l’adoration intérieure et extérieure par rapport à la philosophie mécréante. Nous démontrerons la fausseté de ses systèmes au mot Culte.

ADULTE

Voy. Age.


ADULTERE.

L’adultère est le crime de ceux qui violent la foi conjugale.

1. Deux mots latins, ad et alter, d’où sont dérivés altération et adultération, sont la racine de ce mot, qui s’applique à la violation de la foi conjugale, pour laquelle les Grecs avaient celui de μοιχεία, dont les Latins avaient fait leur mœchia, que nous n’avons pas francisé. Les jurisconsultes ne donnent ordinairement le nom d’adultère qu’à l’infidélité d’une personne mariée ; mais les théologiens appellent aussi adultère le crime d’une personne libre qui pèche avec une personne mariée, parce que l’une et l’autre coopèrent à la violation de la foi jurée ; si tous deux sont mariés, c’est alors un double adultère.

L’adultère est un des crimes les plus propres à jeter le trouble dans l’ordre social, moral et religieux. Aussi chez tous les peuples on s’en est préoccupé au point de vue de la législation, de la religion et des mœurs. Pour donner à cette matière tous les développements qu’elle demande, nous la considérerons, 1° sous le point de vue politique et civil ; 2° sous le point de vue religieux et chrétien.

ARTICLE PREMIER.
De l’adultère considéré dans ses rapports civils et politiques.

2. Nous ne connaissons qu’un seul peuple de l’antiquité qui ait regardé, dans sa législation, l’adultère comme chose indifférente. Lacédémone, d’après la loi de Lycurgue, avait déclaré que tous les enfants appartenaient à l’Etat qui les élevait et les dotait à ses frais. De là résultait la destruction de la famille et une espèce de communauté de femmes. Dans une telle constitution l’adultère ne pouvait guère être réprouvé, mais à part ce seul peuple civilisé, on ne trouve l’adultère toléré par l’usage que chez quelques peuplades sauvages. Même chez les peuples polygames, qui devraient paraître moins sévères sous le rapport de la pureté du lit nuptial, l’adultère est puni. Ainsi, par exemple, si l’adultère n’est puni que d’une amende à Siam, il est frappé de mort chez les Tucopiens, les Botoumayens, les Nubiens, les habitants de Bornou, etc. Il est réprimé plus ou moins sévèrement par les Nouveaux-Zélandais, les Hottentots et les naturels de Taïti. Chez les Battas, peuple de cannibales habitant l’intérieur de Sumatra, le complice d’une femme adultère subit la loi du vaincu, et sert de proie vivante à la vengeance et à l’appétit carnassier de l’offensé et de ses parents.

3. La loi de Moïse condamne à mort les adultères de l’un et l’autre sexe ; elle n’exempte pas de la peine le coupable non marié. Les Grecs et les barbares de l’antiquité avaient des magistrats spécialement chargés de veiller à la pureté des mœurs des femmes ; les premiers Germains appelaient mundeburdium cette espèce de tutèle. La loi des douze tables interdisait l’adultère ; on