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efforts semblent vains ; quelques jours de victoire écoulés, et ils retombent dans leurs anciennes iniquités.

O Dieu ! qu’il est difficile de vaincre des habitudes invétérées d’impureté ! Dirons-nous ce que nous avons trop souvent rencontré dans la guérison de ces funestes maladies. Nous avons vu le mal résister six et huit ans à une médication très-vigoureuse. Les jeûnes les plus rigoureux, des mortifications excessives, des pénitences peut-être cruelles, demeuraient pour ainsi dire sans effet. Oh ! qu’elles sont à plaindre les âmes affaiblies par les longues impuretés solitaires ! Toutefois, qu’elles ne se déconcertent pas, il n’y a pas de passion invincible aux forces humaines soutenues par la grâce de Jésus-Christ. Non, jamais l’habitude la plus invétérée et la plus puissante ne sera insurmontable que pour ces âmes qui préfèrent les honteux plaisirs à la gloire de la vertu. Pour vaincre, il suffit de le vouloir sincèrement. Pour cela il faut méditer sur les vérités les plus terribles, fuir les occasions et les lieux marqués par les plus grandes chutes ; s’imposer des pénitences sévères, invoquer avec ardeur le secours du ciel ; il est nécessaire de prendre la résolution de persévérer pendant toute la vie dans cette voie laborieuse, si ce combat est toujours commandé. Les saints nous ont donné sur ce point des exemples d’un courage constant et énergique. Dans un moment de tentation, saint-Bernard se précipite dans un étang glacé, saint Benoît se roule sur des épines aiguës, saint Augustin lutte contre lui-même pendant de longues années.

Oh ! si les parents connaissaient tout le prix de l’innocence, s’ils savaient les maux effroyables qu’entraîne l’impureté, avec quels soins ils veilleraient sur leurs enfants, avec quelle tendre sollicitude ils suivraient tous leurs pas ! Comme ils examineraient dans leur vie, dans leur personne, s’il n’y a rien qui annonce l’invasion du vice impur à la moindre apparence, qu’ils n’aient aucun repos, qu’ils ne prennent pas de sommeil avant d’avoir découvert la vérité ! Si le malheur existe, qu’ils emploient pour le guérir toutes les mesures que la prudence et un sage directeur leur conseilleront.

§ 2. Des actes d’impuretés entre différentes personnes.

16. Il y a des degrés infinis dans les péchés de cette nature. Il existe une distance immense entre les enjouements indiscrets, les liaisons et les familiarités suspectes, et ces péchés infâmes qui souillent la couche nuptiale, ou rendent l’homme semblable à la brute. Ces vices admettent des degrés de culpabilité ; ces actes, quels qu’ils soient, sont très-criminels devant Dieu. Nous n’essayerons pas de pénétrer davantage le mystère ; nous voulons seulement en rechercher les suites, et en indiquer les remèdes.

Suites de l’impudicité. – Ce vire malheureux produit trois effets bien déplorables : il fait oublier tous les devoirs, il porte aux plus grands crimes, il cause le malheur de celui qui en est la victime.


Toutes les passions font plus ou moins oublier ses devoirs ; mais il n’y en a point pour les faire fouler aux pieds comme l’impudicité. Il n’y a pas d’intérêt, d’honneur, de conscience qu’elle ne soit disposée à sacrifier. Le père dominé par ce vice oublie ce qu’il doit à ses enfants. Le juge lui sacrifie les droits de la justice. L’ami lui immole les plus saints devoirs de l’amitié. Une épouse déchire le serment de fidélité qu’elle a fait aux pieds des autels. Une fille foule aux pieds l’honneur qui aurait dû diriger ses pas dans la carrière de la vertu.

L’oubli des devoirs fait bientôt faire un pas nouveau, c’est celui du crime : on ne peut lire deux lignes de l’histoire sans y rencontrer un des forfaits de telle abominable passion. C’est elle qui, lançant le brandon de la discorde, a suscité ces guerres désastreuses qui ont désolé la terre ; c’est elle qui, transportant le champ de bataille dans le sein des familles, a armé le frère centre sa sœur, la fille contre » a mère, le mari contre sa femme. C’est elle qui saisit la coupe empoisonnée et va au chevet du lit d’un époux lui donner, avec les caresses de l’amour, le breuvage empoisonné. C’est elle qui a jeté la honte et le déshonneur sur ces nobles familles qui avaient toujours marché dans les sentiers de l’honneur et de la vertu. Arrêtons-nous dans celle trop longue et trop malheureuse lutte des crimes de l’amour impudique. ·

Quelle compensation l’impudicité apporte-t-elle à tant de honte et à tant de crimes ? Les jouissances qu’elle procure rendent-elles heureux ? Heureux ! l’homme peut-il l’être lorsqu’il porte sur son front le signe de l’ignominie, et que sa conscience lui reproche ses fautes ? Tout le trouble, les maux qu’il a causés viennent tour à tour passer devant ses yeux. La désolation de sa famille, la perte de son honneur, la ruine de ses enfants, et par-dessus tout l’image de Dieu qui se montre effrayante, armée d’un glaive de feu. Au dehors, l’objet de sa passion le tyrannise, ses froideurs le déconcertent, ses infidélités réelles ou prétendues le martyrisent ; ainsi l’objet qui devait adoucir ses maux devient. lui-même son plus grand tourment. Le public vient aussi augmenter ses peines par ses regards indiscrets, ses rires moqueurs ; la société honorable le repousse de son sein, il demeure isolé. Tout cela pèse sur l’impudique comme un poids que la main la plus forte ne pourrait soulever.

O passion funeste ! ennemi le plus redoutable du genre humain ! quand donc l’homme comprendra-t-il ses maux dont tu es la source ? quand, averti par sa conscience, poussé par le désir de la paix, emploiera-t-il les moyens commandés par la prudence ?

§ 3. Des remèdes contre l’impudicité.

17. L’impudicité n’est point une de ces maladies qu’il soit permis d’abandonner à elle-même et dont on puisse espérer la guérison du temps et des circonstances : abandonné à lui-même, le mal ne fait que s’aggra-