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Page:Migne - Encyclopédie théologique - Tome 49.djvu/10

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personnage de grandeur naturelle, habillé à la turque, et assis sur une chaise de bois, fixée à une armoire de trois pieds et demi de large sur deux et demi de haut. L’inventeur ouvrait cette armoire et montrait les rouages, cylindres et leviers dont se composait le mécanisme il détachait ensuite les vêtements de l’automate dont le corps était également rempli par des pièces d’horlogerie. Ensuite les portes de l’armoire étaient refermées, les vêtements remis en place, et la partie d’échec s’engageait avec le premier venu. Comme c’était au moment où Mesmer donnait à Paris des épreuves publiqnes de sa science, on ne manqua pas d’attribuer au magnétisme ce nouveau prodige. Combien de curieux auraient cessé de s’étonner, s’ils avaient su qu’en dépit du soin qu’ils avaient mis à bien examiner, un homme se trouvait caché dans l’armoire qui servait de piédestal à la figure 1 Cependant la machine en éiait-elle moins admirable ? Comment supposer, avec un peu de réflexion, qu’une combinaison de ressorts, quelque ingénieuse qu’elle soit, pût produire l’intelligence ? Nétail-ce point assez que la mécanique exécutât environ quinze cents mouvements différents sans confusion, sans embarras et avec l’apparence d’une extrême facilité ? Le joueur, caché dans le piédestal déterminait les coups mais l’automate les exécutait, et cela suffisait pour la gloire du baron de Kempelen.

« Maelzel artiste très-habile, montra en même temps un trompette-automate, non moins extraordinaire que le joueur d’échecs. Cette figure était établie sur de plus petites proportions elle n’avait guère que deux pieds et demi de haut. Au premier abord, en lui entendant exécuter des fanfares sur une trompette proportionnée à sa taille, on fl’imaginait pas de quelle complication de ressorts elle était le résultat. 11 semblait qu’une fois l’embouchure prise, il n’était pas aussi difficile de souffler dans un instrument de cuivre que de fermer et d’ouvrir alternativement avec les doigts les trous de la flûte. En y réfléchissant, on voit que les obstacles ont dû être au contraire beaucoup plus difficiles à surmonter. Ce n’est pas le plus ou moins d’air introduit par l’embouchure d’un cor ou d’une trompette qui fait monter ou baisser l’intonation, c’est par la position des lèvres que sont déterminées les modifications da la gamme. On voit qu’une prodigieuse rectitude dans les ressorts qui réglaient les mouvements de la bouche était nécessaire pour obtenir invariablement l’intonation voulue. « Un autre automate de Maelzel fut exposé avec le trompette et le joueur d’échecs. C’était un danseur de cordes haut de deux pieds, qui exécutait dans leur vérité absolue tous les mouvements d’un acrobate exercé. 11 s’enlevait, retombait dans des positions variées, se pendait par les pieds, etc. Un tube flexible, de la grosseur d’une plume, était attaché à ses reins ; c’était le seul point par lequel il tint à la machine. On ne pouvait (1) Traduit en français par la Revue Britannique. donc chercher ailleurs que dans cet espace infiniment petit le mécanisme qui le faisait fonctionner.

a Bruxelles a vu fonctionner, ’il y a dix ans, un automate joueur de clarinette. L’inventeur de ce nouvel androïde est M. Van Oeckelen, facteur d’instruments de Breda, qui a passé deux années à le concevoir et à 1 exécuter.

« 

L’androïde hollandais ne le cède point à ses confrères d’Allemagne et de France. Les difficultés d’une pareille construction ont été vaincues chez lui,etl’ensemble qu’il présente est très-satisfaisant. Les doigts ont à exécuter des mouvements compliqués ils doivent non-seulement se lever et s’abaisser, mais aussi se porter de haut en bas et de bas en haut, pour saisir les clefs qui sont au nombre de seize et qui au moyen d’un mécanisme particulier, donnent trente-deux notes. Il porte l’instrument à sa bouche lorsqu’il doit jouer, et le quitte dans les ritournelles ; il se penche, remue les bras, la tête et les yeux, sans trop de roideur. Nous ne lui reprocherons qu’une chose, c’est de ne pas jouer de la clarinette ainsi qu’il l’annonce ou du moins qu’on l’annonce’ pour lui. Il lient à la vérité un instrument qui ressemble assez à celui-ci mais la nature du son fait’ immédiatement connaître qu’il renferme de petites lames métalliques, dans le genre de celles dont se composo la gamme des accordéons. On comprend que la difficulté n’était pas la même. Pour mettre en vibration l’anche.de la clarinette, il est nécessaire de bien régler l’emploi des lèvres qui doivent appuyer ou moins ou plus, suivant que l’intonation s’élève ou descend, ou seulement d’après le degré d’intensité du son. Au lieu de cela, un souffle continu, régulier, suffit pour faire résonner les lames métalliques. La machine n’en est pas moins fort intéressante elle nécessite, telle qu’elle est, l’emploi de procédés mécaniques assez ingénieux pour que son auteur puisse en tirer vanité. » II y a aussi des merveilles de mécanique qu’on a attribuées à la magie blanche laquelle, il est vrai, ne consiste guère qu’en choses d’adresse.

« 

Pendant mon séjour en Sicile dit un rédacteur du Metropolitan(1), j’eus occasion de connaître un personnage singulier ; il se nommait Calabressa nez pointu, ’menton allongé, ventre énorme, physionomie mobile, contorsions variées, c’était une figure toute sicilienne. Il ne savait rien, il parlait de tout ; il était bon, complaisant spirituel. « 

Excellence, me disait-il un soir, voici les ruines d’une tour de Sarrasins. Vous sa. vez que les Musulmans ont occupé la Sicile ; c’est ici qu’on a découvert les ossements des géants.

« Rien n’est plus bizarre dans le monde que le contraste des beautés de la nature et d’un personnage grotesque. Cette contradiction commença par me choquer. Je m’y habituai ensuite.

< Vous n’avez plus de roman me disait-il