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ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.

ques députés de la Gironde, étaient accourus pour protéger le roi, pour parler au peuple, et mettre un terme à ces indignes scènes. L’assemblée, qui avait depuis peu levé sa séance, se réunit à la hâte, effrayée de cette irruption, et envoya plusieurs députations successives auprès de Louis XVI pour lui servir de sauvegarde. Enfin, le maire Pétion arriva lui-même ; il monta sur une chaise, harangua le peuple, l’invita à se retirer sans tumulte, et le peuple obéit. Ces singuliers insurgés, qui n’avaient pour but que d’obtenir des décrets et des ministres, s’écoulèrent sans avoir outre-passé leur mandat, mais sans l’avoir rempli.

La journée du 20 juin excita un soulèvement de l’opinion constitutionnelle contre ses auteurs. La violation du domicile royal, les outrages faits à Louis XVI, l’illégalité d’une pétition présentée au milieu des violences de la multitude et de l’appareil des armes, furent vivement reprochés au parti populaire. Celui-ci se vit réduit un moment à la défensive : outre qu’il était coupable d’une émeute, il avait essuyé un véritable échec. Les constitutionnels reprirent le ton et la supériorité d’un parti offensé et dominant ; mais cela dura peu, car ils ne furent point secondés par la cour. La garde nationale offrit à Louis XVI de se tenir réunie autour de sa personne ; le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, qui commandait à Rouen, voulut l’emmener au milieu de ses troupes, qui lui étaient dévouées. Lafayette lui proposa de le conduire à Compiègne, et de le mettre à la tête de son armée ; mais Louis XVI refusa toutes ces offres. Il pensa que les agitateurs seraient dégoûtés du mauvais succès de leur dernière tentative ; et, comme il espérait sa délivrance de la part des puissances coalisées, plus animées par suite des événements du 20 juin, il ne voulut pas se servir des constitutionnels, parce qu’il aurait fallu traiter avec eux.

Cependant Lafayette vint tenter un dernier effort en faveur de la monarchie légale. Après avoir pourvu au commandement de son armée et recueilli des adresses contre les derniers événements, il partit pour Paris, et se présenta, le 28 juin, sans