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Page:Mignet - Histoire de la Révolution française, 1838.djvu/174

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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

nationaux mandés pour lui servir d’escorte, il traversa les appartements et le jardin des Tuileries ; une députation de l’assemblée, avertie de l’arrivée du roi, vint à sa rencontre. — Sire, lui dit le président de cette députation, l’assemblée, empressée de concourir à votre sûreté, vous offre, et à votre famille, un asile dans son sein. Le cortège se remit en route, et eut beaucoup de peine à traverser la terrasse des Feuillants, couverte d’une foule fort animée, et qui proférait des injures et des menaces. Le roi et sa famille parvinrent à grand’peine dans la salle de l’assemblée, où ils se placèrent sur les sièges destinés aux ministres. Messieurs, dit alors le roi, je suis venu ici pour éviter un grand crime, et je pense que je ne saurais être plus en sûreté qu’au milieu de vous. — Sire, répondit Vergniaud qui occupait le fauteuil, vous pouvez compter sur la fermeté de l’assemblée nationale ; ses membres ont juré de mourir en soutenant les droits du peuple et les autorités constituées. Le roi prit alors place à côté du président. Mais Chabot rappela que l’assemblée ne pouvait point délibérer en présence du roi, et Louis XVI passa, avec sa famille et ses ministres, dans la loge du Logographe, qui se trouvait derrière le président, et d’où l’on pouvait tout voir et tout entendre.

Depuis le départ du roi, tout motif de résistance avait cessé. D’ailleurs, les moyens mêmes de défense étaient diminués par le départ des gardes nationaux qui avaient escorté Louis XVI. La gendarmerie avait quitté son poste en criant Vive la nation ! La garde nationale s’ébranlait en faveur des assaillants. Mais les ennemis étaient en présence ; et quoique la cause du combat n’existât plus, le combat ne s’engagea pas moins. Les colonnes des insurgés entouraient le château. Les Marseillais et les Bretons, qui tenaient la première ligne, venaient de forcer la porte royale, placée sur le Carrousel, et de pénétrer dans les cours du château. Ils avaient à leur tête un ancien sous-officier nommé Westermann, ami de Danton et homme très résolu. Il rangea sa troupe en bataille, et il s’avança vers les canonniers, qui, sur ses invitations, se joignirent aux Marseil-