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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

bureaux de la liste civile, des pièces qui prouvaient les relations secrètes entretenues par Louis XVI avec les princes mécontents, l’émigration et l’Europe. Dans un rapport, ordonné par l’assemblée législative, on l’avait accusé du dessein de trahir l’état et de renverser la révolution. On lui avait reproché d’avoir écrit, le 16 avril 1791, à l’évêque de Clermont, que s’il recouvrait sa puissance, il rétablirait l’ancien gouvernement et le clergé dans l’état où ils étaient auparavant ; de n’avoir, plus tard, proposé la guerre que pour accélérer la marche de ses libérateurs ; d’avoir été en correspondance avec des hommes qui lui écrivaient : « La guerre forcera toutes les puissances à se réunir contre les factieux et les scélérats qui tyrannisent la France, pour que leur châtiment serve bientôt d’exemple à tous ceux qui seraient tentés de troubler la paix des empires... Vous pouvez compter sur cent cinquante mille hommes, tant Prussiens qu’Autrichiens et Impériaux, et sur une armée de vingt mille émigrés ; » d’avoir été d’accord avec ses frères, qu’il désapprouvait par ses démarches publiques ; enfin, de n’avoir cessé de combattre la révolution.

De nouvelles pièces vinrent à l’appui de toutes ces accusations. Il existait aux Tuileries, derrière un panneau de lambris, un trou pratiqué dans le mur, et fermé par une porte de fer. Cette armoire secrète fut indiquée au ministre Roland, et l’on y trouva tous les complots et toutes les intrigues de la cour contre la révolution ; des projets tendant à renforcer le pouvoir constitutionnel du roi avec les chefs populaires, à ramener l’ancien régime avec les aristocrates ; les manœuvres de Talon, les arrangements avec Mirabeau ; les propositions acceptées de Bouillé sous la constituante, et quelques nouvelles trames sous la législative. Cette découverte augmenta le déchaînement contre Louis XVI. Le buste de Mirabeau fut brisé aux Jacobins, et la convention voila celui qui était placé dans la salle de ses séances.

Il était question depuis quelque temps dans l’assemblée du procès de ce prince, qui, ayant été déchu, ne pouvait plus être