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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

tre de ces solutions. Ces derniers s’agitaient beaucoup. Ils prétendaient qu’on suivait des formes qui étaient un oubli de l’énergie républicaine, et que la défense de Louis XVI était un cours de monarchie présenté à la nation. Les Jacobins les secondaient puissamment, et des députations venaient à la barre demander la mort du roi.

Cependant les Girondins, qui n’avaient pas osé soutenir l’inviolabilité, proposèrent un moyen adroit de soustraire Louis XVI à la mort, en appelant de la sentence de la convention au peuple. L’extrême droite protestait encore contre l’érection de l’assemblée en tribunal. Mais la compétence de la convention ayant été précédemment décidée, tous les efforts se portèrent d’un autre côté. Salles proposa de déclarer Louis XVI coupable, et de laisser aux assemblées primaires l’application de la peine. Buzot, craignant que la convention n’encourût par là le reproche de faiblesse, pensa qu’elle devait elle-même prononcer la peine, et en appeler au peuple de son propre jugement. Cet avis fut vivement combattu par les Montagnards, et même par un grand nombre de conventionnels modérés, qui virent dans la convocation des assemblées primaires le danger de la guerre civile. L’assemblée avait délibéré, à l’unanimité, que Louis était coupable, lorsque la question de l’appel au peuple fut posée. Deux cent quatre-vingt-quatre voix votèrent pour, quatre cent vingt-quatre contre ; dix se récusèrent. Vint alors la terrible question de la peine à infliger. Paris était dans le dernier degré d’agitation : des menaces étaient faites aux députés à la porte même de l’assemblée ; on craignait de nouveaux excès populaires ; le club des Jacobins retentissait d’invectives forcenées contre Louis XVI et contre la droite. Le parti montagnard, jusque-là le plus faible de la convention, cherchait à obtenir la majorité par l’épouvante, décidé, s’il ne réussissait pas, à sacrifier également Louis XVI. Enfin, après quatre heures d’appel nominal, le président Vergniaud dit : « Citoyens, je vais proclamer le résultat du scrutin. Quand la justice a parlé, l’humanité doit avoir son tour. » Il y avait sept cent vingt-et-un vo-