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Page:Mignet - Histoire de la Révolution française, 1838.djvu/228

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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

chie, tandis qu’il les laisserait sur la frontière, en leur livrant plusieurs places fortes comme garantie. Il est probable que Dumouriez voulait mettre sur le trône constitutionnel le jeune duc de Chartres, qui s’était illustré pendant toute cette campagne ; tandis que le prince de Cobourg espérait que, si la contre-révolution parvenait à ce point, elle serait poussée plus loin, et rétablirait le fils de Louis XVI et l’ancienne monarchie. Une contre-révolution ne s’arrête pas plus qu’une révolution ; dès qu’elle est commencée, il faut qu’elle s’épuise. Les Jacobins furent bientôt instruits des dispositions de Dumouriez ; il les cachait avec assez peu de soin, soit qu’il voulût tenter ses troupes, soit qu’il voulût effrayer ses ennemis, soit qu’il s’abandonnât à la légèreté de son naturel. Pour s’en assurer davantage encore, le club des Jacobins envoya en députation auprès de lui trois des siens, nommés Proly, Péreira et Dubuisson. Admis en présence de Dumouriez, ils obtinrent de lui plus d’aveux qu’ils n’en attendaient. « La convention, dit-il, est une assemblée de sept cent trente-cinq tyrans. Tant que j’aurai quatre pouces de fer, je ne souffrirai pas qu’elle règne et qu’elle verse le sang, avec le tribunal révolutionnaire qu’elle vient de créer. Quant à la république, ajouta-t-il, c’est un vain mot ; j’y ai cru trois jours : depuis Jemmapes, j’ai regretté tous les succès que j’ai obtenus pour une aussi mauvaise cause. Il n’y a qu’un moyen de sauver la patrie, c’est de rétablir la constitution de 1791 et un roi. — Y songez-vous, général ? lui dit Dubuisson : les Français ont en horreur la royauté, et le seul nom de Louis... — Eh qu’importe que ce roi s’appelle Louis, Jacques ou Philippe ? — Et vos moyens, quels sont-ils ? — Mon armée... oui, mon armée ; elle le fera, et de mon camp, ou du sein d’une place forte, elle dira qu’elle veut un roi. — Mais votre projet compromet le sort des prisonniers du Temple. — Le dernier des Bourbons serait tué, même ceux de Coblentz, que la France n’en aurait pas moins un roi, et si Paris ajoutait ce meurtre à ceux dont il s’est déjà déshonoré, je marcherais à l’instant sur Paris. » Après s’être déclaré avec aussi