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CONVENTION NATIONALE.

fection du général en chef. Il n’y avait plus d’ensemble dans les mouvements, d’élan dans les troupes, de concert entre la convention préoccupée des ses querelles, et les généraux découragés. Les débris de l’armée de Dumouriez s’étaient réunis au camp de Famars, sous le commandement de Dampierre ; mais ils avaient été obligés de se retirer, après une défaite, sous le canon de Bouchain. Dampierre avait été tué. De Dunkerque à Givet, la frontière était menacée par des forces supérieures. Custine fut promptement appelé de la Moselle à l’armée du Nord, mais sa présence ne rétablit pas les affaires. Valenciennes, qui ouvrait la France, fut prise ; Condé essuya le même sort ; l’armée, chassée de position, en position se retira derrière la Scarpe, en avant d’Arras, dernière position de retraite jusqu’à Paris. D’un autre côté, Mayence, vivement pressée par l’ennemi et la famine, perdit l’espoir d’être secourue par l’armée de la Moselle réduite à l’inaction, et, désespérant de tenir plus longtemps, elle capitula. Enfin le gouvernement anglais, voyant que la disette désolait Paris et les départements, déclara, après les journées du 31 mai et du 2 juin, tous les ports de France en état de blocus, et prononça la confiscation des bâtiments neutres qui entreprendraient d’y porter des vivres. Cette mesure, nouvelle dans les fastes de l’histoire et destinée à affamer tout un peuple, provoqua trois mois après la loi du maximum. La situation de la république ne pouvait pas être pire.

La convention était en quelque sorte prise au dépourvu. Elle était désorganisée, parce qu’elle sortait d’une lutte, et que le gouvernement des vainqueurs n’avait pas eu encore le temps de s’établir. Après le 2 juin, avant que le danger devint aussi pressant pour elle dans les départements et sur les frontières, la Montagne avait envoyé des commissaires de toutes parts, et s’était occupée sur-le-champ de la constitution qui était attendue depuis si longtemps, et dont elle espérait beaucoup. Les Girondins avaient voulu la décréter avant le 21 janvier pour sauver Louis XVI, en substituant l’ordre légal à l’état révolutionnaire ; ils y étaient revenus avant le 31 mai pour préve-