Page:Mignet - Histoire de la Révolution française, 1838.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
RÉVOLUTION FRANÇAISE.

lèrent les forêts, dissipèrent les rassemblements et portèrent la terreur dans cette malheureuse contrée.

Les armées étrangères avaient été repoussées aussi des frontières qu’elles avaient envahies. Après avoir pris Valenciennes et Condé, bloqué Maubeuge et Le Quesnoy, l’ennemi s’était dirigé sur Cassel, Hondscoote et Furnes, sous le commandement du duc d’York. Le comité de salut public, mécontent de Custine, qui lui était d’ailleurs suspect comme Girondin, le remplaça par le général Houchard. L’ennemi, vainqueur jusque là, fut battu à Hondscoote, et forcé à la retraite. La réaction militaire commença par les mesures hardies du comité de salut public. Houchard lui-même fut destitué. Jourdan prit le commandement de l’armée du Nord, gagna l’importante victoire de Watignies sur le prince de Cobourg, fit lever le siège de Maubeuge, et reprit l’offensive sur cette frontière. Il en fut de même sur toutes les autres. L’immortelle campagne de 1793 et 94 s’ouvrit. Ce que Jourdan fit à l’armée du Nord, Hoche et Pichegru le firent à l’armée de la Moselle, et Kellermann à celle des Alpes. L’ennemi fut partout repoussé et partout contenu. Il arriva alors, après le 31 mai, ce qui était arrivé après le 10 août. L’accord qui n’existait pas entre les généraux et les chefs de l’assemblée, se rétablit ; l’action révolutionnaire qui avait été ralentie, s’accrut, et les victoires recommencèrent pendant cette longue période. Les armées ont eu leurs crises comme les partis, et ces crises ont amené des revers ou des succès, toujours d’après la même loi.

Au commencement de la guerre, en 1792, les généraux étaient constitutionnels, et les ministres girondins ; Rochambeau, Lafayette, Luckner, s’entendaient peu avec Dumouriez, Servan, Clavière et Roland. Il y avait d’ailleurs peu d’élan dans l’armée, on fut battu. Après le 10 août, les généraux girondins Dumouriez, Custine, Kellermann, Dillon remplacèrent les généraux constitutionnels ; il y eut unité de vue, de confiance et d’action entre l’armée et le gouvernement. La catastrophe du 10 août augmenta l’énergie en imposant la nécessité de vaincre, et il en résulta le plan de campagne de