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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

dans le système général de leur conspiration contre la convention nationale ? N’avez-vous pas remarqué que pour vous isoler de la nation, ils ont publié que vous étiez des dictateurs régnant par la terreur et désavoués par le vœu tacite des Français ? Pour moi, quelle est la faction à qui j’appartiens ? c’est vous-mêmes. Quelle est cette faction qui, depuis le commencement de la révolution, a terrassé les factions et fait disparaître tant de traîtres accrédités ? c’est vous, c’est le peuple, ce sont les principes. Voilà la faction à laquelle je suis voué, et contre laquelle tous les crimes sont ligués... Voilà au moins six semaines que l’impuissance de faire le bien et d’arrêter le mal m’a forcé à abandonner absolument mes fonctions de membre du comité de salut public. Le patriotisme a-t-il été plus protégé ? les factions plus timides ? la patrie plus heureuse ? Mon influence s’est bornée dans tous les temps à plaider la cause de la patrie devant la représentation nationale et au tribunal de la raison publique. » Après avoir cherché à confondre sa cause avec celle de la convention, il l’excite contre les comités par l’idée de son indépendance. « Représentants du peuple, il est temps de reprendre la fierté et la hauteur de caractère qui vous convient. Vous n’êtes pas faits pour être régis, mais pour régir les dépositaires de votre confiance. »

En même temps qu’il tente de gagner l’assemblée par le retour de son pouvoir et la fin de sa servitude, il s’adresse aux hommes modérés en leur rappelant qu’ils lui doivent le salut des soixante-treize, et en leur faisant espérer le retour de l’ordre, de la justice et de la clémence. Il parle de changer le système dévorant et tracassier des finances, d’adoucir le gouvernement révolutionnaire, de guider son action et de punir ses agents prévaricateurs. Enfin il invoque le peuple, il parle de ses besoins, de sa puissance, et après avoir rappelé tout ce qui peut agir sur la convention et l’intérêt et l’espérance et la peur : « Disons donc, ajoute-t-il, qu’il existe une conspiration contre la liberté publique ; qu’elle doit sa force à une coalition criminelle qui intrigue au sein même de la conven-