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CONVENTION NATIONALE.

tion ; que cette coalition a des complices dans le comité de sûreté générale ; que les ennemis de la république ont opposé ce comité au comité de salut public, et constitué ainsi deux gouvernements ; que des membres du comité de salut public entrent dans ce complot ; que la coalition ainsi formée cherche à perdre les patriotes et la patrie. Quel est le remède à ce mal ? Punir les traîtres, renouveler les bureaux du comité de sûreté générale, épurer ce comité et le subordonner au comité de salut public ; épurer le comité de salut public lui-même ; constituer l’unité du gouvernement sous l’autorité suprême de la convention ; écraser ainsi toutes les factions du poids de l’autorité nationale, pour élever sur leurs ruines la puissance de la justice et de la liberté. »

Pas un murmure, pas un applaudissement, n’accueillirent cette déclaration de guerre. Le silence avec lequel Robespierre avait été écouté se prolongea longtemps encore après qu’il eut fini. De toutes parts, dans l’assemblée incertaine, on se regardait avec inquiétude. Enfin Lecointre de Versailles prit la parole et proposa l’impression du discours. Cette demande fut le signal de l’agitation, des débats, de la résistance. Bourdon de l’Oise s’opposa à l’impression comme dangereuse ; il fut applaudi ; mais Barrère, selon sa coutume équivoque, ayant soutenu que tous les discours devaient être publiés, et Couthon ayant demandé son envoi à toutes les communes de la république, la convention, intimidée par le concert apparent des deux factions opposées, décréta et l’impression et l’envoi.

Les membres des deux comités attaqués qui jusque-là avaient gardé le silence, voyant la Montagne repoussée et la majorité chancelante, sentirent qu’il était temps de parler. Vadier combattit le premier le discours de Robespierre et Robespierre lui-même. Cambon alla plus loin. « Il est temps de dire la vérité tout entière, s’écria-t-il : un seul homme paralysait la volonté de la convention nationale ; cet homme, c’est Robespierre. — Il faut arracher le masque, ajouta Billaud-Varennes, sur quelque visage qu’il se trouve ; j’aime mieux que mon cadavre serve de trône à un ambitieux, que de