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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

légal. Dès le lendemain du 9 thermidor, il y eut donc deux partis contraires parmi les vainqueurs ; celui des comités, et celui des Montagnards, qui fut appelé le parti thermidorien.

Celui des comités était privé de la moitié de ses forces ; outre la perte de son chef, il n’avait plus la commune, dont les membres insurgés furent envoyés à l’échafaud au nombre de soixante-douze, et qui, après sa double défaite, sous Hébert et sous Robespierre, ne fut plus réorganisée et manqua d’influence. Mais ce parti conservait la direction des affaires par les comités. Tous ses membres étaient attachés au système révolutionnaire : les uns ne trouvaient leur salut que là, tels que Billaud-Varennes, Collot-d’Herbois, Barrère, Vadier, Amar ; les autres craignaient la contre-révolution et le châtiment de leurs collègues, tels que Carnot, Cambon, les Prieur, etc. Dans la convention, il comptait tous les commissaires envoyés naguère en mission, plusieurs Montagnards qui s’étaient signalés au 9 thermidor, et les débris du parti de Robespierre. Au dehors, les Jacobins s’étaient rattachés à lui ; il avait toujours l’appui de la classe inférieure et des faubourgs.

Le parti thermidorien était composé du plus grand nombre des conventionnels. Tout le centre de l’assemblée et ce qui restait de la droite s’unirent aux Montagnards qui étaient revenus de leur ancienne exagération. La coalition des modérés, Boissy-d’Anglas, Sièyes, Cambacérès, Chénier, Thibeaudeau, avec les Dantonistes Tallien, Fréron, Legendre, Barras, Bourdon de l’Oise, Rovère, Bentabole, Dumont, les deux Merlin, donna à l’assemblée un caractère nouveau. Après le 9 thermidor, elle commença par affermir son empire dans la convention ; bientôt elle pénétra dans le gouvernement, et parvint à en exclure ceux qui l’occupaient. Soutenue alors par l’opinion, par l’assemblée, par les comités, elle marcha ouvertement à son but ; elle poursuivit les principaux décemvirs et quelques-uns de leurs agents. Comme ils avaient beaucoup de partisans dans Paris, elle s’appuya sur les jeunes gens contre les Jacobins, sur les sections contre les faubourgs. Elle rappela en même