teau. Les portes cédèrent, et la foule ameutée pénétra au milieu même de la convention.
L’enceinte des séances devint alors un champ de bataille. Les vétérans et les gendarmes, auxquels était confiée la garde de l’assemblée, crient aux armes ; le député Auguis, le sabre à la main, se met à leur tête, et parvient d’abord à repousser les assaillants. On leur fait même quelques prisonniers. Mais les insurgés plus nombreux reviennent au pas de charge, et envahissent de nouveau l’enceinte de la convention. Le député Féraud rentre précipitamment, poursuivi par les insurgés, qui tirent plusieurs coups de fusil dans la salle. Ils couchent en joue Boissy-d’Anglas, qui siégeait au fauteuil à la place de Vernier. Féraud s’élance à la tribune pour le couvrir de son corps : il y est assailli à coups de pique et de sabre, il tombe dangereusement blessé. Les insurgés l’entraînent dans les couloirs, et le confondant avec Fréron, ils lui coupent la tête qu’ils placent au bout d’une pique.
Après ce combat, ils s’étaient rendus maîtres de la salle. La plupart des députés avaient pris la fuite. Il ne restait que les hommes de la Crête et Boissy-d’Anglas, qui, calme, couvert, insensible aux outrages et aux menaces, protestait toujours, au nom de la convention, contre les violences populaires. On lui présenta la tête sanglante de Féraud, et il s’inclina avec respect devant elle. On voulut le forcer, les piques sur la poitrine, à mettre aux voix les propositions des insurgés, et il leur opposa constamment le plus courageux refus. Mais les Crétois, qui approuvaient l’émeute, s’emparèrent des bureaux, occupèrent la tribune, et décrétèrent, au milieu des applaudissements de la multitude, tous les articles contenus dans le manifeste de l’insurrection. Le député Romme se rendit leur organe. Ils nommèrent de plus une commission exécutive composée de Bourbotte, Duroy, Duquesnoy, Prieur de la Marne, et un commandant général de la force armée, le député Soubrany. Ils préparaient ainsi le retour de leur domination. Ils décrétèrent le rappel de leurs collègues détenus, la destitution de leurs ennemis, la constitution démocratique,