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CONVENTION NATIONALE.

ment, et leur arrestation ; la mise en liberté des patriotes ; la convocation des assemblées primaires pour le 25 prairial ; la convocation de l’assemblée législative destinée à remplacer la convention pour le 25 messidor ; la suspension de toute autorité non émanée du peuple. Ils décidèrent de créer une nouvelle municipalité pour leur servir de centre commun, de s’emparer des barrières, du télégraphe, du canon d’alarme, des tocsins, des tambours, et de ne se rasseoir qu’après avoir assuré la subsistance, le repos, le bonheur et la liberté de tous les Français. Ils invitèrent les canonniers, les gendarmes, les troupes à pied et à cheval, à se ranger sous les drapeaux du peuple, et ils marchèrent sur la convention.

Celle-ci délibérait dans ce moment sur les moyens d’empêcher l’insurrection. Les attroupements journaliers qui avaient lieu à cause de la distribution du pain et de la fermentation populaire, ne lui avaient pas permis d’apercevoir les préparatifs d’une grande émeute et de prendre ses mesures à cet égard. Les comités vinrent à la hâte l’avertir du danger. Sur-le-champ, elle se déclara en permanence, rendit Paris responsable de la sûreté des représentants de la république, fit fermer ses portes, mit tous les chefs d’attroupement hors la loi, appela tous les citoyens des sections aux armes, et nomma, pour se mettre à leur tête, huit commissaires, parmi lesquels étaient Legendre, Henri La Rivière, Kervelegan, etc. À peine étaient-ils partis qu’un grand bruit se fit entendre au dehors. Une des portes extérieures venait d’être forcée, et les femmes se précipitèrent dans les tribunes, en criant : Du pain et la constitution de 93 ! La convention les reçut avec une contenance ferme. « Vos cris, leur dit le président Vernier, ne changeront rien à notre attitude, ils ne hâteront pas d’un seul moment l’arrivage des subsistances, ils ne serviront qu’à l’empêcher. » Un tumulte affreux couvrit la voix du président, et interrompit les délibérations. On fit alors évacuer les tribunes. Mais les insurgés des faubourgs parvinrent bientôt jusqu’aux portes intérieures, et les trouvant fermées, ils les frappaient à coups redoublés de hache et de mar-