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CONVENTION NATIONALE.

La levée en masse qui eut lieu pendant l’été de 1793 forma les troupes de la Montagne. Les chefs de ce parti choisirent bientôt dans les rangs secondaires des généraux montagnards en remplacement des généraux girondins. Ces généraux furent Jourdan, Pichegru, Hoche, Moreau, Westermann, Dugommier, Marceau, Joubert, Kléber, etc. Carnot devint, par son entrée au comité de salut public, le ministre de la guerre et le major-général de toutes les armées républicaines. Au lieu de corps dispersés et agissant avec peu de concert sur des points isolés, il procéda par fortes masses et concentriquement vers un but unique. Il commença la méthode de la grande guerre, qu’il essaya avec un succès décisif à Watignies, en qualité de commissaire de la convention. Cette victoire importante, à laquelle il coopéra de sa personne, rejeta les généraux réunis Clairfait et le prince de Cobourg derrière la Sambre, et fit lever le siège de Maubeuge. Pendant l’hiver de 1793 à 1794, les deux armées restèrent en présence sans rien entreprendre.

À l’ouverture de la campagne, elles conçurent l’une et l’autre un projet d’invasion. L’armée autrichienne se jeta sur les villes de la Somme, Péronne, Saint-Quentin, Arras, et menaça Paris, tandis que l’armée française projeta de nouveau la conquête de la Belgique. Le plan du comité de salut public fut combiné bien autrement que le dessein vague de la coalition. Pichegru, à la tête de cinquante mille hommes, à l’armée du Nord pénétra dans la Flandre, en s’appuyant sur la mer et sur l’Escaut. À sa droite, vingt mille hommes commandés par Moreau, se portèrent sur Menin et Courtrai. Le général Souham resta avec trente mille hommes sous Lille, pour soutenir l’extrême droite de l’armée d’invasion contre les Autrichiens, tandis que Jourdan, avec l’armée de la Moselle, se dirigea vers Charleroi par Arlon et Dinant, pour se joindre à l’armée du Nord.

Les Autrichiens, attaqués en Flandre, et menacés d’être pris à revers par Jourdan, quittèrent bien vite leurs positions de la Somme. Clairfait et le duc d’York se firent battre à Cour-