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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

cents hommes et deux pièces de quatre, fut entouré par plusieurs colonnes de sectionnaires qui l’obligèrent de se replier jusqu’au Louvre. Cet avantage enhardit les insurgés, qui étaient en force sur tous les points. Le général Danican somma la convention de faire retirer ses troupes et de désarmer les terroristes. Le parlementaire, introduit dans l’assemblée les yeux fermés, y jeta d’abord quelque trouble par sa mission, plusieurs membres se déclarèrent pour des mesures conciliatoires. Boissy-d’Anglas fut d’avis d’entrer en conférence avec Danican ; Gamon proposa une proclamation dans laquelle on engagerait les citoyens à se retirer, en leur promettant de désarmer ensuite le bataillon de 89. Cette adresse excita les plus violents murmures. Chénier s’élança à la tribune. « Je suis étonné, dit-il, qu’on vienne nous entretenir de ce que demandent les sections en révolte. Il n’y a point de transaction ; il n’y a pour la convention nationale que la victoire ou la mort ! » Lanjuinais voulut soutenir cette adresse, en faisant valoir l’imminence et les malheurs de la guerre civile ; mais la convention ne voulut pas l’entendre, et, sur la motion de Fermond, elle passa à l’ordre du jour. Les débats continuèrent pendant quelque temps encore sur les mesures de paix ou de guerre avec les sections, lorsqu’on entendit, vers quatre heures et demie, plusieurs décharges de mousqueterie, qui firent cesser toute délibération. On apporta sept cents fusils, et les conventionnels s’armèrent comme corps de réserve.

Le combat s’était engagé dans la rue Saint-Honoré, dont les insurgés étaient maîtres. Les premiers coups partirent de l’hôtel de Noailles, et un feu meurtrier se prolongea sur toute cette ligne. Peu d’instants après, sur l’autre flanc, deux colonnes, fortes d’environ, quatre mille sectionnaires, commandées par le comte de Maulevier, débouchèrent par les quais et attaquèrent le Pont-Royal. La bataille fut alors générale ; mais elle ne pouvait pas durer longtemps ; la place était trop formidablement défendue pour être prise d’assaut. Après une heure de combat, les sectionnaires furent débusqués de Saint-