dant il vécut encore de cette manière jusqu’aux élections de l’an VII. Il montra beaucoup d’activité, mais une activité un peu étroite et tracassière. Merlin de Douai et Treilhard, qui avaient remplacé Carnot et Barthélémy, étaient deux avocats politiques. Rewbell avait au plus haut degré le courage d’un homme d’état, sans en avoir les grandes vues. Larévellière s’occupait beaucoup trop de la secte des théophilanthropes pour un chef de gouvernement. Quant à Barras, il continuait sa vie dissolue et sa régence directoriale : son palais était le rendez-vous des joueurs, des femmes galantes et des agioteurs de toute espèce. L’administration des directeurs se ressentit de leur caractère, mais surtout de leur position, aux embarras de laquelle vint encore ajouter la guerre avec toute l’Europe.
Pendant que les plénipotentiaires républicains négociaient encore à Rastadt la paix avec l’empire, la seconde coalition entra en campagne. Le traité de Campo-Formio n’avait été pour l’Autriche qu’une suspension d’armes. L’Angleterre n’eut point de peine à l’engager dans une nouvelle coalition ; excepté la Prusse et l’Espagne, la plupart des puissances européennes en firent partie. Les subsides du cabinet britannique et l’attrait de l’Occident décidèrent la Russie ; la Porte et les états barbaresques y accédèrent à cause de l’invasion de l’Égypte ; l’empire pour recouvrer la rive gauche du Rhin, et les petits princes d’Italie afin de détruire les républiques nouvelles. On discutait à Rastadt le traité relatif à l’empire, à la cession de la rive gauche du Rhin, à la navigation de ce fleuve, et à la démolition de quelques forteresses de la rive droite, lorsque les Russes débouchèrent en Allemagne, et l’armée autrichienne s’ébranla. Les plénipotentiaires français, pris au dépourvu, reçurent l’ordre de partir dans les vingt-quatre heures ; ils obéirent sur-le-champ, et ils se mirent en route après avoir obtenu des saufs-conduits des généraux ennemis. À quelque distance de Rastadt, ils furent arrêtés par des hussards autrichiens qui, s’étant assurés de leurs noms et de leur titre, les assassinèrent : Bonnier et Roberjot furent tués,