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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

Jean de Bry fut laissé pour mort. Cette violation inouïe du droit des gens, cet assassinat prémédité de trois hommes revêtus d’un caractère sacré, excita une horreur générale. Le corps législatif décréta la guerre, et la décréta d’indignation contre les gouvernements sur lesquels retombait cet énorme attentat.

Les hostilités avaient déjà commencé en Italie et sur le Rhin. Le directoire, averti de la marche des troupes russes, et suspectant les intentions de l’Autriche, fit porter une loi de recrutement par les conseils. La conscription militaire mit deux cent mille jeunes gens à la disposition de la république. Cette loi, qui eut des suites incalculables, fut le résultat d’un ordre de choses plus régulier. Les levées en masse avaient été le service révolutionnaire de la patrie ; la conscription en devint le service légal.

Les puissances les plus impatientes et qui formaient l’avant-garde de la coalition, avaient déjà engagé l’attaque. Le roi de Naples s’était avancé sur Rome, et le roi de Sardaigne avait levé des troupes et menacé la république ligurienne. Comme ils n’étaient pas de force à soutenir le choc des armées françaises, ils furent facilement vaincus et dépossédés. Le général Championnet entra dans Naples après une victoire sanglante. Les lazzaronis défendirent l’intérieur de la ville pendant trois jours ; mais ils succombèrent, et la république Parthénopéenne fut proclamée. Le général Joubert occupa Turin ; et l’Italie entière se trouva sous la main des Français, lorsque la nouvelle campagne s’ouvrit.

La coalition était supérieure à la république en forces effectives et en préparatifs ; elle l’attaqua par les trois grandes ouvertures de l’Italie, de la Suisse et de la Hollande. Une forte armée autrichienne déboucha dans le Mantouan ; elle battit deux fois Schérer sur l’Adige, et fut bientôt jointe par le bizarre et jusque-là victorieux Souvarow. Moreau prit la place de Schérer, et fut battu comme lui ; il fit sa retraite du côté de Gênes pour garder la barrière des Apennins et se joindre avec l’armée de Naples commandée par Macdonald, qui fut