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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

gru, Willot, etc. Bonaparte employa même bientôt ceux des bannis qui, tels que Portalis, Siméon, Barbé-Marbois, s’étaient montrés plus anti-conventionnels que contre-révolutionnaires. Il avait aussi gagné des opposants d’une autre espèce. Les derniers chefs de la Vendée, le fameux Bernier, curé de Saint-Lô, qui avait assisté à toute l’insurrection, Châtillon, d’Autichamp et Suzannet, avaient fait leur accommodement par le traité de Mont-Luçon (17 janvier 1800). Il s’adressa également aux chefs des bandes bretonnes, Georges Cadoudal, Frotté, Laprévelaye et Bourmont. Les deux derniers consentirent seuls à se soumettre. Frotté fut surpris et fusillé ; et Georges, battu à Grand-Champ par le général Brune, capitula. La guerre de l’Ouest fut définitivement terminée.

Mais les chouans qui s’étaient réfugiés en Angleterre, et qui n’avaient plus d’espoir que dans la mort de celui en qui se concentrait la puissance de la révolution, projetèrent son assassinat. Quelques-uns d’entre eux débarquèrent sur les côtes de France et se rendirent secrètement à Paris. Comme il n’était pas facile d’atteindre le premier consul, ils s’arrêtèrent à un complot vraiment horrible. Le 3 nivôse, à huit heures du soir, Bonaparte devait se rendre à l’Opéra, par la rue Saint-Nicaise. Les conjurés placèrent un tonneau de poudre sur une petite charrette qui embarrassait le passage, et Saint-Régent, l’un d’entre eux, fut chargé d’y mettre le feu, lorsqu’il recevrait le signal de l’approche du premier consul. À l’heure indiquée, Bonaparte partit des Tuileries et traversa la rue Saint-Nicaise. Son cocher fut assez adroit pour passer rapidement entre la charrette et la muraille ; mais le feu avait déjà été mis à la mèche, et à peine la voiture était-elle au bout de la rue que la machine infernale fit explosion, couvrit le quartier Saint-Nicaise de ruines, et ébranla la voiture, dont les glaces furent brisées.

La police, prise au dépourvu, quoique dirigée par Fouché, attribua cette conspiration aux démocrates, contre lesquels le premier consul avait une antipathie bien plus prononcée que contre les chouans. Plusieurs d’entre eux furent mis en prison,