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CONSULAT.

et cent trente furent déportés par un simple sénatus-consulte, demandé et obtenu de nuit. On découvrit enfin les véritables auteurs du complot, dont quelques-uns furent condamnés à mort. Le consul fit créer, dans cette occasion, des tribunaux militaires spéciaux. Le parti constitutionnel se sépara davantage de lui, et commença son énergique, mais inutile opposition. Lanjuinais, Grégoire, qui avaient courageusement résisté au parti extrême dans la convention, Garat, Lambrechts, Lenoir-Laroche, Cabanis, etc., combattirent, dans le sénat, la proscription illégale de cent trente démocrates ; et les tribuns Isnard, Daunou, Chénier, Benjamin Constant, Bailleul, Chazal, etc., s’élevèrent contre les cours spéciales. Mais une paix glorieuse vint faire oublier ce nouvel empiétement de pouvoir.

Les Autrichiens, vaincus à Marengo, et défaits en Allemagne par Moreau, se décidèrent à déposer les armes. Le 8 janvier 1801, la république, le cabinet de Vienne et l’empire, conclurent le traité de Lunéville. L’Autriche ratifia toutes les conditions du traité de Campo-Formio, et céda de plus la Toscane à l’infant de Parme. L’empire reconnut l’indépendance des républiques batave, helvétique, ligurienne et cisalpine. La pacification devint bientôt générale par le traité de Florence (18 février 1801) avec le roi de Naples, qui céda l’île d’Elbe et la principauté de Piombino ; par le traité de Madrid (29 septembre 1801) avec le Portugal ; par le traité de Paris (8 octobre 1801) avec l’empereur de Russie ; enfin par les préliminaires (9 octobre 1801) avec la Porte ottomane. Le continent, en déposant les armes, força l’Angleterre à une paix momentanée. Pitt, Dundas et lord Grenville, qui avaient entretenu ces sanglantes luttes contre la France, sortirent du ministère au moment où leur système cessa de pouvoir être suivi. L’opposition anglaise les y remplaça ; et, le 25 mars 1802, le traité d’Amiens acheva la pacification du monde. L’Angleterre consentit à toutes les acquisitions continentales de la république française, reconnut l’existence des républiques secondaires, et restitua nos colonies.