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EMPIRE.

la Hollande et la Suisse, soulevaient de nouveau l’Europe, qui redoutait aujourd’hui l’ambition de Napoléon, comme elle avait craint, dans les premiers temps, les principes de la révolution. Le traité d’alliance entre le ministère britannique et le cabinet russe avait été signé le 11 avril 1805, et l’Autriche y avait accédé le 9 août.

Napoléon quitta Boulogne, retourna à Paris en toute hâte, se rendit au sénat le 23 septembre, obtint une levée de quatre-vingt mille hommes, et partit le lendemain pour commencer la campagne. Il passa le Rhin le 1er octobre, et entra en Bavière le 6, avec une armée de cent soixante mille hommes. Masséna arrêta le prince Charles en Italie, et l’empereur fit la guerre d’Allemagne au pas de course. En quelques jours il passa le Danube, entra dans Munich, remporta la victoire de Wertingen, et força, à Ulm, le général Mack à mettre bas les armes. Cette capitulation désorganisa l’armée autrichienne. Napoléon poursuivit le cours de ses victoires, occupa Vienne le 15 novembre, et marcha en Moravie à la rencontre des Russes, auxquels s’étaient ralliés les débris des troupes battues.

Le 2 décembre 1805, anniversaire du couronnement, les deux armées en vinrent aux mains dans la plaine d’Austerlitz. Les ennemis avaient quatre-vingt-quinze mille hommes sous les drapeaux ; les Français quatre-vingt mille. De part et d’autre l’artillerie était formidable. La bataille commença au soleil levant. Ces masses énormes s’ébranlèrent ; l’infanterie russe ne tint point contre l’impétuosité de nos troupes et les manœuvres de leur général. La gauche de l’ennemi fut coupée la première ; la garde impériale russe donna pour rétablir la communication, et fut entièrement écrasée. Le centre essuya le même sort ; et, à une heure après midi, la victoire la plus décisive avait complété cette merveilleuse campagne. Le lendemain l’empereur félicita l’armée par une proclamation, sur le champ de bataille même. « Soldats, leur dit-il, je suis content de vous ; vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire ! Une armée de cent mille hommes, commandée par les empereurs de Russie et d’Autriche, a été, en moins de quatre