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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

jours, ou coupée ou dispersée ; ce qui a échappé à votre fer s’est noyé dans les lacs. Quarante drapeaux, les étendards de la garde impériale russe, cent vingt pièces de canon, vingt généraux, plus de trente mille prisonniers, sont le résultat de cette journée à jamais célèbre. Cette infanterie tant vantée, et en nombre supérieur, n’a pu résister à votre choc ; et désormais vous n’avez plus de rivaux à redouter. Ainsi, en deux mois cette troisième coalition a été vaincue et dissoute ! » Un armistice fut conclu avec l’Autriche ; et les Russes, qui auraient pu être écrasés, obtinrent de se retirer par journées d’étape.

La paix de Presbourg suivit les victoires d’Ulm et d’Austerlitz ; elle fut signée le 26 décembre. La maison d’Autriche, qui avait perdu ses possessions extérieures, la Belgique et le Milanez, fut entamée cette fois dans l’Allemagne même. Elle céda les provinces de la Dalmatie et de l’Albanie au royaume d’Italie ; le comté du Tyrol, la ville d’Augsbourg, la principauté d’Eichstett une partie du territoire de Passau, et toutes ses possessions dans la Souabe, le Brisgau et Ortenau, aux électorats de Bavière et Wurtemberg, qui furent transformés en royaumes. Le grand-duché de Bade profita aussi de ses dépouilles. Le traité de Presbourg compléta l’abaissement de l’Autriche, commencé par le traité de Campo-Formio, et continué par celui de Lunéville. L’empereur, de retour à Paris, couronné de tant de gloire, devint l’objet d’une admiration si générale et si empressée, qu’il fut lui-même étourdi par l’enthousiasme public, et s’enivra de sa fortune. Les corps de l’état rivalisèrent d’obéissance et de flatteries. Il reçut le titre de Grand, et le sénat, par un décret, lui consacra un monument triomphal.

Napoléon s’affermit davantage encore dans le système qu’il avait embrassé. La victoire de Marengo et la paix de Lunéville avaient sanctionné le consulat ; la victoire d’Austerlitz et la paix de Presbourg consacrèrent l’empire. Les derniers restes de la révolution furent abandonnés. Le 1er janvier 1806, on remplaça définitivement le calendrier républicain par le calen-