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EMPIRE.

drier grégorien, après quatorze années d’existence. Le Panthéon fut rendu au culte, et bientôt le tribunat cessa même d’exister. Mais l’empereur s’attacha surtout à étendre sa domination sur le continent. Le roi de Naples, Ferdinand, ayant violé, pendant la dernière guerre, le traité de paix avec la France, eut ses états envahis ; et le 30 mars, Joseph Bonaparte fut déclaré roi des Deux-Siciles. Peu après, le 5 juin 1806, la Hollande fut changée en royaume, et reçut un autre frère de l’empereur, Louis Bonaparte, pour monarque. Il n’existait plus aucune des républiques créées par la convention ou par le directoire. Napoléon, qui nommait des rois secondaires, rétablit le régime militaire hiérarchique et les titres du moyen âge. Il érigea la Dalmatie, l’Istrie, le Frioul, Cadore, Bellune, Conégliano, Trévise, Feltre, Bassano, Vicence, Padoue, Rovigo, en duchés grands fiefs de l’empire. Le maréchal Berthier fut investi de la principauté de Neufchâtel, le ministre Talleyrand de celle de Bénévent, le prince Borghèse et sa femme de celle de Guastalla, Murat du grand-duché de Berg et de Clèves. Napoléon, qui n’avait osé détruire la république suisse, s’en était déclaré le Médiateur ; et il acheva l’organisation de son empire militaire, en plaçant sous sa dépendance l’ancien corps germanique. Le 12 juillet 1806, quatorze princes du midi et de l’ouest de l’Allemagne se réunirent en confédération du Rhin, et reconnurent Napoléon pour Protecteur. Le 1er août, ils notifièrent à la diète de Ratisbonne leur séparation du corps germanique : l’empire d’Allemagne n’exista plus, et François II en abdiqua le titre dans une proclamation. Par une convention signée à Vienne, le 15 décembre, la Prusse céda le pays d’Anspach, Clèves et Neufchâtel, pour l’électorat de Hanovre.

Napoléon eut tout l’Occident sous sa main. Maître absolu de la France et de l’Italie, comme empereur et roi, il l’était encore de l’Espagne, par la subordination de cette cour ; de Naples et de la Hollande, par ses deux frères ; de la Suisse, par l’acte de médiation ; et il disposait en Allemagne des rois de Bavière, de Wurtemberg et de la confédération du Rhin