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EMPIRE.

seph Napoléon quitta Madrid, où fut proclamé Ferdinand VII ; et vers le même temps, Junot, n’ayant pas assez de troupes pour garder le Portugal, consentit à l’évacuer avec tous les honneurs de la guerre, par la convention de Cintra. Le général anglais Wellington prit possession de ce royaume avec vingt-cinq mille hommes. Tandis que le pape se déclarait contre Napoléon, tandis que les insurgés espagnols entraient dans Madrid, tandis que les insulaires remettaient le pied sur le continent, le roi de Suède se montrait ennemi de la ligue impériale européenne, et l’Autriche faisait des armements considérables et se disposait à une nouvelle lutte.

Heureusement pour Napoléon, la Russie resta fidèle à l’alliance et aux engagements de Tilsitt. L’empereur Alexandre était alors dans un accès d’enthousiasme et d’affection pour ce puissant et extraordinaire mortel. Napoléon, qui, avant de porter toutes ses forces dans la Péninsule, voulait s’assurer du Nord, eut avec Alexandre une entrevue à Erfurth, le 27 septembre 1808. Les deux maîtres de l’Occident et du Nord se garantirent le repos et la soumission de l’Europe : Napoléon marcha en Espagne, et Alexandre se chargea de la Suède. La présence de l’empereur fit bientôt changer la fortune de la guerre dans la Péninsule : il amenait avec lui quatre-vingt mille vieux soldats, venus d’Allemagne. Des victoires multipliées le rendirent maître de la plupart des provinces espagnoles. Il fit son entrée dans Madrid, et il se présenta aux habitants de la Péninsule, non comme un maître, mais comme un libérateur. « J’ai aboli, leur disait-il, ce tribunal d’inquisition contre lequel le siècle et l’Europe réclamaient. Les prêtres doivent guider les consciences, mais ne doivent exercer aucune juridiction extérieure et corporelle sur les citoyens. J’ai supprimé les droits féodaux, et chacun pourra établir des hôtelleries, des fours, des moulins, des madragues, des pêcheries, et donner un libre essor a son industrie. L’égoïsme, la richesse et la prospérité d’un petit nombre d’hommes nuisaient plus à votre agriculture que les chaleurs de la canicule. Comme il n’y a qu’un Dieu, il ne doit y avoir dans