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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

domination de l’empereur et le système continental. La réaction se déclara dans trois pays, jusque-là alliés de la France, et provoqua la cinquième coalition. La cour de Rome était mécontente ; la Péninsule était blessée dans son orgueil national, par l’imposition d’un roi étranger ; dans ses usages, par la suppression des couvents, de l’inquisition et de la grandesse ; la Hollande souffrait dans ses relations commerciales par le blocus, et l’Autriche supportait impatiemment ses pertes et sa position subordonnée. L’Angleterre, qui épiait toutes les occasions de ranimer la lutte sur le continent, provoqua la résistance de Rome, de la Péninsule et du cabinet de Vienne. Le pape était en froideur avec la France depuis 1805 ; il avait espéré qu’en retour de sa complaisance pontificale pour le sacre de Napoléon, on restituerait au domaine ecclésiastique les provinces que le directoire avait réunies à la république cisalpine. Déçu dans son attente, il rentra dans l’opposition européenne contre-révolutionnaire, et de 1807 à 1808 les états romains devinrent le rendez-vous des émissaires anglais. Après des représentations un peu vives, l’empereur donna l’ordre au général Miollis d’occuper Rome ; le pape le menaça d’excommunication, et Napoléon lui enleva les légations d’Ancône, d’Urbin, de Macérata, de Camérino, qui firent partie du royaume italien. Le légat quitta Paris le 3 avril 1808 ; et la lutte religieuse, pour des intérêts temporels, s’engagea avec le chef de l’Église, qu’il aurait fallu ne pas reconnaître, ou ne pas dépouiller.

La guerre avec la Péninsule fut plus sérieuse encore. Les Espagnols reconnurent pour roi Ferdinand VII, dans une junte provinciale tenue à Séville le 27 mai 1808, et ils prirent les armes dans toutes les provinces que n’occupaient point les troupes françaises. Les Portugais se soulevèrent aussi, le 16 juin, à Oporto. Ces deux insurrections eurent d’abord les suites les plus heureuses ; elles firent en peu de temps de rapides progrès. Le général Dupont mit bas les armes à Baylen dans le royaume de Cordoue, et ce premier revers des armées françaises excita l’enthousiasme et l’espérance des Espagnols. Jo-