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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

Le cabinet de Berlin commença les défections. Le 1er mars 1813, il se réunit à la Russie et à l’Angleterre, qui formèrent la sixième coalition, à laquelle accéda bientôt la Suède. Cependant l’empereur, que les confédérés croyaient abattu par le dernier désastre, ouvrit la campagne par de nouvelles victoires. La bataille de Lutzen, gagnée le 2 mai avec des conscrits, l’occupation de Dresde, la victoire de Bautzen, et la guerre portée sur l’Elbe, étonnèrent la coalition. L’Autriche, qui était placée depuis 1810 sur le pied de paix, venait de se remettre en armes ; elle méditait déjà un changement d’alliance ; et elle se proposa comme médiatrice entre l’empereur et les confédérés. Sa médiation fut acceptée. On conclut un armistice à Plesswitz, le 4 juin, et un congrès s’assembla à Prague pour négocier la paix. Mais il n’était guère possible de s’entendre : Napoléon ne voulait pas consentir à déchoir, ni l’Europe consentir à lui rester soumise. Les puissances confédérées, d’accord avec l’Autriche, demandèrent que l’empire fût restreint au Rhin, aux Alpes et à la Meuse. Les négociateurs se séparèrent sans avoir rien conclu. L’Autriche entra dans la coalition, et la guerre, qui pouvait seule vider cette grande contestation, recommença.

L’empereur n’avait que deux cent quatre-vingt mille hommes contre cinq cent vingt mille ; il voulait refouler l’ennemi derrière l’Elbe, et dissoudre, à son ordinaire, cette nouvelle coalition par la promptitude et la vigueur de ses coups. La victoire parut le seconder d’abord. Il battit à Dresde les alliés réunis ; mais les défaites de ses lieutenants dérangèrent ses desseins. Macdonald fut vaincu en Silésie ; Ney, près de Berlin ; Vandamme, à Kulm. Ne pouvant plus faire barrière contre l’ennemi prêt à le déborder de toutes parts, Napoléon songea à la retraite. Les princes de la confédération du Rhin choisirent ce moment pour déserter l’empire. Un vaste engagement ayant eu lieu à Leipsick entre les deux armées, les Saxons et les Wurtembergeois passèrent à l’ennemi sur le champ de bataille même. Cette défection et la force des coalisés, qui avaient appris à faire une guerre plus serrée et plus