dre de l’Allemagne à l’Italie et à la France. Mais tout dépendait cette fois, comme les précédentes, du sort de la guerre que l’hiver n’avait pas ralentie. Napoléon tourna de ce côté toutes ses espérances ; il partit de Paris, le 25 janvier, pour cette immortelle campagne.
L’empire était envahi par tous les points. Les Autrichiens s’avançaient en Italie ; les Anglais, qui s’étaient rendus maîtres de la Péninsule entière dans les deux dernières années, avaient passé la Bidassoa sous le général Wellington, et paraissaient aux Pyrénées. Trois armées pressaient la France à l’est et au nord. La grande armée alliée, forte de cent cinquante mille hommes sous Schwartzemberg, avait débouché par la Suisse ; celle de Silésie, de cent trente mille sous Blucher, était entrée par Francfort ; et celle du Nord, de cent mille hommes, sous Bernadotte, avait envahi la Hollande, et pénétrait dans la Belgique. Les ennemis négligeaient à leur tour les places fortes, et, formés à la grande guerre par leur vainqueur, ils marchaient sur la capitale. Au moment où Napoléon quitta Paris, les deux armées de Schwartzemberg et de Blucher étaient sur le point d’opérer leur jonction dans la Champagne. Privé de l’appui du peuple, qui demeurait en observation, Napoléon restait seul contre le monde entier avec une poignée de vieux soldats et son génie, qui n’avait rien perdu de son audace et de sa vigueur. Il est beau de le voir dans ce moment, non plus oppresseur, non plus conquérant, défendre pied à pied, par de nouvelles victoires, le sol de la patrie en même temps que son empire et sa renommée !
Il marcha en Champagne contre les deux grandes armées ennemies. Le général Maison était chargé d’arrêter Bernadotte en Belgique ; Augereau, les Autrichiens à Lyon ; Soult, les Anglais sur la frontière d’Espagne. Le prince Eugène devait défendre l’Italie ; et l’empire, quoique envahi au centre, étendait encore ses vastes bras jusqu’au fond de l’Allemagne par ses garnisons d’outre-Rhin. Napoléon ne désespéra point de rejeter, au moyen d’une puissante réaction militaire, cette foule d’ennemis hors de la France, et de reporter ses drapeaux