et celui de la France, il échappa aux croisières ennemies, et le 1er mars, il débarqua sur la plage de Cannes, près d’Antibes, avec mille soldats et ses trois braves généraux Bertrand, Drouot et Cambronne.
Cette entreprise audacieuse est taxée de folie autour de Louis XVIII. Un grand nombre de courtisans se réjouissent et n’y voient qu’une conspiration avortée, qu’une heureuse circonstance qui doit mettre à découvert les affections secrètes des hommes dont ils convoitent les places. On propose d’organiser la dictature, de faire lever la nation en masse, d’en finir avec Bonaparte et les conspirateurs. Le roi convoque les deux chambres ; le comte d’Artois est chargé de diriger à Lyon les forces militaires, de concert avec le maréchal Macdonald ; Ney accepte le commandement des troupes disséminées en Franche-Comté, et prête serment dans les mains du roi ; le duc de Feltre remplace le maréchal Soult, comme ministre de la guerre, et enfin une ordonnance royale déclare Napoléon Bonaparte traître et rebelle, et enjoint à tous les Français de lui courir sus.
Napoléon avançait cependant à marches forcées au milieu des populations qu’il captive sous le charme magique de son nom, du drapeau tricolore qu’il déploie, et de ses éloquentes proclamations. Il disait au peuple : « Citoyens, élevé au trône par votre choix, tout ce qui a été fait sans vous est illégitime... Vos vœux seront exaucés, la cause de la nation triomphera encore, mon retour vous garantit tous les droits dont vous jouissez depuis vingt-cinq ans. » Il disait à l’armée : « Soldats ! dans mon exil j’ai entendu votre voix, je suis arrivé à travers tous les obstacles et tous les périls. Arrachez les couleurs que la nation a proscrites, et qui servirent de ralliement à tous les ennemis de la France ; arborez cette cocarde tricolore ; vous la portiez dans nos grandes journées. Les vétérans des armées de Sambre et Meuse, du Rhin, d’Italie, d’Égypte et de l’Ouest, sont humiliés, leurs honorables cicatrices sont flétries ! Soldats, venez vous ranger sous les drapeaux de votre chef : la victoire marchera au pas