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HISTOIRE DE LA RESTAURATION.

damnant au bannissement perpétuel les régicides, signataires de l’acte additionnel, ou employés par le gouvernement des cent jours. Cette mesure atteignait Fouché lui-même, alors ambassadeur à Dresde, et qui mourut en exil. Sous l’influence vindicative de la majorité, l’Institut fut mutilé ; M. de Vaublanc, ministre de l’intérieur, en expulsa plusieurs membres d’un mérite éminent, et entre autres, l’auteur de Marius et celui des Deux Gendres, MM. Arnauld et Étienne. Déjà les effets des actes violents de la chambre s’étaient manifestés par des supplices : le fougueux et imprudent Labédoyère, jugé par commission, fut la première victime : après lui, Ney, le brave des braves, invoque en vain devant la chambre des pairs le bénéfice de la capitulation de Saint-Cloud, il est condamné à mort et exécuté ; les frères Faucher, tous deux généraux, inséparables dans la mort comme dans la vie, sont fusillés à Bordeaux ; les généraux Mouton-Duvernet et Chartrand souffrent le même supplice ; le général Bonnaire, plus malheureux encore, subit une dégradation flétrissante ; Lefèvre-Desnouettes, les deux frères Lallemand, Rigaud et Savary, sont condamnés à mort par contumace ; Lavalette, prisonnier, échappe seul à la peine capitale, par le dévouement de sa femme et de trois Anglais généreux, qui favorisent son évasion ; la chambre des députés éclate à cette nouvelle en menaces furieuses contre les ministres, qu’elle rend responsables de l’événement ; d’autres victimes lui sont offertes en holocauste. Des scènes d’horreur épouvantent Grenoble : un homme obscur, nommé Didier, embauche une troupe de paysans, qui savent à peine où il les conduit ; ils sont la plupart ivres et mal armés ; Didier, à leur tête, essaie un coup de main sur Grenoble, le général Donnadieu déjoue ce mouvement insensé ; aussitôt, par son ordre, des colonnes mobiles parcourent les campagnes, où elles sèment la désolation et la terreur : les prisonniers sont jugés en masse par une cour prévôtale, et exterminés. Dans le Gard, la cour d’assises acquitte l’assassin du général Lagarde, Trestaillon et ses complices, tandis que les conseils de guerre fulminent des arrêts de mort contre les protestants